Cap sur Pékin, mais aussi sur le fret aérien, le retour du bateau à voile et les produits agricoles ukrainiens
BLOCS#18 □ Bonjour, nous sommes le mercredi 3 avril et voici le dix-huitième épisode de votre condensé d’actualité utile sur le commerce international. Suivez-nous également sur LinkedIn.
Englué dans une crise économique aux multiples facettes, l’Empire du Milieu voit fuir les investisseurs étrangers et s’intensifier un mouvement de « friend-shoring » qui se fait à son détriment. Face à cette conjoncture difficile, Xi Jinping semble déterminé à tenter de relancer la machine en tablant sur un soutien public toujours plus fort au secteur manufacturier. Au risque de s’aliéner pour de bon ses partenaires commerciaux qui multiplient déjà les enquêtes anti-dumping.
Le président chinois Xi Jinping, au centre, lors de sa rencontre avec 17 chefs d'entreprise américains, le 27 mars 2024. © Hua Chunying/X
CHUTE HISTORIQUE □ Le sourire figé de Xi Jinping en dit long. Le président chinois, pourtant plus connu pour sa main de fer que pour son goût des mondanités, s’est plié non sans effort à une séance photo avec 17 chefs d’entreprise américains, avant de s’entretenir avec eux pendant deux bonnes heures, mercredi dernier à Pékin.
Si le puissant leader donne de sa personne, c’est que l’heure est grave pour l’attractivité de l’Empire du Milieu.
Les capitaux étrangers investis dans le pays ont en effet connu une chute historique de 82% en 2023 par rapport à l’année précédente, décrochant à un niveau jamais vu depuis… 1993.
Cette défiance inédite des investisseurs étrangers s’explique principalement par la crise multiple et profonde de l’économie chinoise (BLOCS#9).
Entre le poids de moins en moins soutenable de sa dette, l’éclatement douloureux de sa bulle immobilière, les conséquences encore bien palpables de sa politique zéro covid menée jusqu’à fin 2022, mais aussi son effondrement démographique, la Chine n’en finit plus d’inquiéter.
« Les classes moyennes chinoises représentaient une forme d’Eldorado pour les multinationales étrangères. Cette attractivité est en train de s’effondrer, estime le journaliste spécialiste de la politique chinoise Pierre-Antoine Donnet, dans un récent entretien publié par Asialyst. Si l’on ajoute le repli sur soi politique du pays, on constate une forme de désamour qui pèse sur les choix d’investissement ».
DOUCEUR RARE □ Pour rétablir la confiance des 17 PDG américains présents à Pékin mercredi, Xi Jinping ne s’est pas contenté d’expliquer le plan d’action en 24 points, visant à ouvrir davantage le marché chinois, adopté par son gouvernement la semaine précédente (BLOCS#17).
Devant la presse, le président chinois a aussi fait passer des messages politiques d’une douceur rarement vue à l’égard de l’Oncle Sam.
« Les succès respectifs de la Chine et des États-Unis créent des opportunités réciproques », a-t-il affirmé, allant même jusqu’à déclarer : « tant que les deux parties se considéreront comme des partenaires, se respecteront, coexisteront pacifiquement et s'uniront pour obtenir des résultats gagnant-gagnant, les relations entre la Chine et les États-Unis s'amélioreront ».
Une prophétie qui semble tout sauf auto-réalisatrice. Car si un certain réchauffement des rapports sino-américains s’est concrétisé lors d’une rencontre Joe Biden-Xi Jinping en novembre dernier à San Francisco, les tensions paraissent bien loin de disparaître, au vu du nombre de dossiers qui continuent de miner la relation bilatérale.
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