OMC : le blocage à tous les étages

Focus sur le gendarme impuissant du commerce mondial, mais aussi sur l'économie russe, le nouveau chapitre indonésien et l'industrie de la défense

BLOCS
6 min ⋅ 21/02/2024

BLOCS#12 Bonjour, nous sommes le mercredi 21 février et voici le douzième épisode de votre condensé d’actualité utile sur le commerce international. Suivez-nous également sur LinkedIn.


BLOCS PASSE À L’IMAGE ! □ Nous sommes heureux de vous annoncer le lancement de 100% Europe, une émission politique interactive présentée par notre co-fondateur, Mathieu Solal, avec l’objectif de remettre l’UE au coeur de la campagne des élections européennes de juin prochain. 

BLOCS s’associe à la première de cette émission, prévue ce vendredi à 11h, et qui sera centrée sur le commerce international, avec notamment la participation de l’eurodéputée MoDem Marie-Pierre Vedrenne. Posez-lui vos questions dès maintenant, découvrez les autres invités et regardez l’émission en direct vendredi en cliquant ici.


Super-bloc

À la veille de sa 13ème conférence ministérielle, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) apparaît en piteux état. Victime d’un monde de plus en plus protectionniste et conflictuel, cette institution genevoise autrefois vectrice du développement du libre-échange et dont les règles continuent de régir 75% du commerce international, peine à se réinventer. Explications.

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l'OMC ©OMC/Bryan LehmannNgozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l'OMC ©OMC/Bryan Lehmann

MOROSITÉ □ Les ministres des 164 États membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) se réunissent à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), du 26 au 29 février, pour la 13ème conférence ministérielle de l’institution.

À l'approche de cette réunion biennale, Keith Rockwell, ancien porte-parole de l’organisation internationale sise à Genève, décrit l'atmosphère dans un article publié le 6 février par la Fondation Hinrich. « Une aura de morosité aussi sombre et décourageante qu’un nuage hivernal au-dessus du lac Léman enveloppe le siège de l'OMC », écrit-il.

Successeur de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1947, l’OMC, née en 1995, se retrouve en effet plongée dans une crise profonde, en dépit du rôle majeur qu’elle a joué dans l'expansion du commerce international, via la réduction des barrières douanières et la convergence des normes.

Les sujets inscrits à l'ordre du jour de la réunion de la semaine prochaine, censés réformer et moderniser l’institution de Genève, suscitent ainsi peu d'espoir d'accord, tant les divergences sont fortes.

Sur les subventions internes dans le secteur agricole, l’Inde menace notamment de bloquer tous les points à l'ordre du jour si sa demande controversée de constituer des stocks de riz à des prix supérieurs au marché n'est pas acceptée.

Concernant la réduction des subventions à la pêche, New Delhi - encore une fois - réclame une flexibilité maximale pour que les pays en voie de développement puissent encore en bénéficier, et demande un abandon de ces subventions pour les pays développés.

La décision de prolonger une interdiction vieille de 25 ans des droits de douane sur les transmissions de données dans le domaine du commerce électronique est également remise en question par l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan et l’Afrique du Sud.

INADÉQUATION □ Ces blocages pourraient bien accoucher d’une réunion totalement stérile. Un échec qui viendrait confirmer l’inadéquation entre le mode de prise de décision par consensus des 164 États membres et le contexte international contemporain, de plus en plus conflictuel et protectionniste. En cause, notamment, l’agressivité et la concurrence déloyale de la Chine, dont l’adhésion à l’organisation en 2001 avait pourtant suscité des espoirs de paix et de prospérité - depuis longtemps envolés.

À la crise de la fonction législative de l’OMC s’ajoute celle de sa fonction judiciaire.

...

BLOCS

BLOCS

Par Mathieu Solal

BLOCS est la première newsletter francophone originale dédiée au commerce international.

Créée en novembre 2023 par des journalistes passés par les plus grandes rédactions nationales - l’Opinion, Le Parisien, Le Figaro, l’Agefi - cette publication hebdomadaire a depuis réussi à fidéliser un lectorat toujours plus nombreux et à nouer des partenariats au long cours avec des médias comme Alternatives Économiques et le Moci, ou encore avec l’assureur Coface, spécialiste de l’export.

Depuis octobre 2025, nous sommes passés à une formule « freemium », composée…

  • D’une édition gratuite, sortant le mercredi et offrant un éclairage sur l’actualité du commerce international, avec l’aide des meilleurs experts, ainsi que des recommandations de lecture.

  • D’une version pro, publiée le vendredi, focalisée sur l’actualité européenne, consistant en un condensé hebdomadaire d’actualités utiles, d’infos exclusives et d’indiscrétions bruxelloises. S’adressant à tous les professionnels dont l’activité dépend de l’évolution des affaires commerciales, qu’ils viennent du secteur industriel, de la sphère publique, du monde des consultants, de celui des avocats, ou de la finance, cette publication constitue pour eux un atout stratégique. La promesse de BLOCS PRO : permettre à ses lecteurs de saisir toutes les tendances pertinentes du commerce international et d’anticiper leurs impacts.

La rédaction de BLOCS est dirigée par Mathieu Solal, ancien correspondant à Bruxelles du journal l’Opinion.

Folies trumpiennes, politique industrielle européenne, tensions sur les matières premières critiques ou les semi-conducteurs, traitement des brûlantes questions environnementales et agricoles dans les accords de libre-échange… Avec BLOCS, ces sujets à la fois clivants et méconnus font l’objet d’un suivi permanent, départi de toute considération idéologique.

Les derniers articles publiés