L’idée d’une réplique coordonnée à la folie tarifaire trumpienne fait son chemin

□ L'UE réfléchit à se coordonner avec le Canada ou le Japon □ L'Inde va-t-elle tirer son épingle du jeu ? □ L'Accord UE/Ukraine inquiète les agriculteurs □ Anticipations et spéculations sur le cuivre, frappé de 50% □ Le Pentagone investit dans les terres rares □ Bruxelles épargne Israël □ Et est proche de toper avec l'Indonésie □ Nos 3 lectures

BLOCS
10 min ⋅ 16/07/2025

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Super-bloc

Alors que Donald Trump menace l’UE de droits de douane universels de 30% à partir du 1er août, de plus en plus de voix se font entendre en faveur d’une riposte tarifaire coordonnée entre les victimes du président américain. Cette solution collective qu’envisage la cheffe de l’exécutif de l’UE, Ursula von der Leyen avec des partenaires comme le Canada ou le Japon, pourrait-elle contraindre le locataire de la Maison Blanche à adopter une attitude plus raisonnable ? Analyse.

Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa, avec le Premier ministre canadien Mark Carney lors d’un sommet le 23 juin dernier à Bruxelles © Site du Conseil de l’UE

RAS-LE-BOL □ « Subir les intimidations, les mensonges et les tentatives d’extorsion d'un gangster semi-analphabète. Voilà ce qui arrive au monde sous Donald Trump », résume Iana Dreyer, la rédactrice en chef du média spécialiste de la politique commerciale Borderlex, dans son dernier édito.

Après une semaine marquée par de nouvelles menaces de droits de douane américains — 30% pour l’UE et le Mexique, 50% pour le Brésil, 35% pour le Canada, pour ne citer que ceux-là — devant être mis en oeuvre à partir du 1er août, un certain ras-le-bol se fait ressentir à travers le monde.

Face à l’attitude toujours plus erratique du président américain sur le front commercial, une idée fait son chemin : se coordonner entre victimes de la folie tarifaire trumpienne, pour mieux répliquer et contraindre le héros du clan MAGA à mettre ses mesures protectionnistes en sourdine.

« Imaginons que l'UE, le Brésil, l'Inde, les membres de l'ASEAN, du Partenariat transpacifique, l'Afrique du Sud et tous les autres pays visés par les droits de douane américains aient agi de concert et menacé de représailles coordonnées les États-Unis (…). Aurions-nous eu ces droits de douane ? » s’interroge Iana Dreyer.

« REPRÉSAILLES INTELLIGENTES »« Il faut penser à des représailles intelligentes communes non seulement à l’UE, mais aussi au Japon, au Canada, au Brésil et à quiconque est prêt à participer, renchérissait, samedi, Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI). Plus il y a de pays, meilleure est la liste de représailles ». L’objectif : « amener les États-Unis à se replier sur une position raisonnable ».

« Si les pays collaboraient et ripostaient conjointement aux droits de douane imposés par Trump, écrivait sur X, dès mardi, l’économiste Paul de Grauwe, professeur à la London School of Economics (LSE), les États-Unis seraient isolés (…). Lorsque les pays ne coopèrent pas, ils maximisent le pouvoir de Trump pour les vaincre ».

Se coordonner pour mieux contrer Trump, l’idée n’est pas nouvelle. Dès janvier, elle avait été mise en avant par la ministre des Affaires étrangères canadienne de l’époque, Mélanie Joly, qui avait pris le pouls auprès de certains de ses partenaires (BLOCS#47). Sans succès.

BILAN PITEUX □ Plutôt que d’agir de concert, les gouvernements visés par l’obsession protectionniste du président américain ont préféré jouer leurs parties en solitaire et, pour la plupart, courber l’échine en attendant des jours meilleurs.

Seule la Chine a répliqué, oeil pour oeil, dent pour dent, et est ainsi parvenue à stopper l’escalade tarifaire en quelques semaines, et à faire reculer Washington sur le contrôle de certaines exportations technologiques.

Et seuls le Royaume-Uni et le Vietnam ont accepté de conclure des accords asymétriques, acceptant de fait le principe des droits de douane dits « réciproques » en contradiction totale avec les règles de l’OMC, afin de sauver les meubles.

Les autres ont tenté de négocier, et restent à la merci des changements de pied américains. Plus de six mois après son retour à la Maison Blanche, le bilan du « chacun pour soi » face à Trump paraît piteux.

VON DER LEYEN À L’INITIATIVE □ La donne pourrait-elle changer dans les prochaines semaines ? Cette fois-ci, en tout cas, l’UE est à l’initiative.

Ursula von der Leyen a ainsi eu au téléphone le Premier ministre canadien, Mark Carney, pour évoquer cette possibilité. L’Allemande envisagerait aussi une coordination avec le Japon, selon les informations de Bloomberg.

Ces initiatives font écho à la piste évoquée au début du mois par la cheffe de l’exécutif de l’UE d’une nouvelle alliance internationale en faveur du libre-échange — sans les États-Unis —, destinée à promouvoir des échanges commerciaux « fondés sur des règles claires et prévisibles » (BLOCS#68).

Ursula von der Leyen avait sondé les Vingt-Sept sur la création de ce « mini-OMC », qui associerait notamment l’UE aux pays du « Partenariat transpacifique global et progressiste » (Canada, Australie, Brunei, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam et Royaume-Uni).

Un projet qui prendrait du temps, et nécessiterait un effort diplomatique patient de la Commission pour aboutir.

A contrario, construire une réplique coordonnée face à Donald Trump est une affaire de court-terme, qui requiert un soutien politique fort des Vingt-Sept. Pour l’heure, celui-ci semble manquer à l’appel.

L’ALLEMAGNE RECHIGNE □ Lundi, le conseil extraordinaire des ministres du Commerce organisé à Bruxelles a certes occasionné un changement de ton, le commissaire au commerce, Maros Sefcovic, notant « un sens de l’urgence nouveau ».

« Aujourd'hui, il était clair autour de la table, davantage que lors des discussions précédentes, que nous devons protéger les emplois, les entreprises, l'économie, et donc que nous devons aller vers des mesures de rééquilibrage » a résumé le Slovaque

Ce dernier a d’ailleurs présenté un deuxième paquet de contre-mesures visant 72 milliards d’euros de produits américains.

Rassurés sur le front sécuritaire par les engagements pris par Donald Trump en faveur de l’Ukraine et par l’accalmie enregistrée au sommet de l’OTAN fin juin, les Européens pourraient-ils enfin engager le bras de fer avec Washington sur le plan commercial ?

Cela reste à prouver. Le premier paquet finalisé pour riposter aux sanctions américaines visant un total de 21 milliards d’euros de biens américains (dont l’acier et l’aluminium) et qui devait être mis en œuvre la semaine dernière, a encore été repoussé jusqu’au 1er août, dans l’espoir d’un accord avec l’administration américaine. De sorte que l’UE n’a à ce jour pris aucune contre-mesure.

Et pour cause, si la France veut montrer les muscles, les pays les plus dépendants du commerce avec les États-Unis — Allemagne, Italie, Irlande — continuent de rechigner à s’engager dans un bras de fer avec la Maison Blanche.

« Nous voulons utiliser ces deux semaines et demie qui viennent pour trouver une solution », a ainsi rappelé, dimanche 13 juillet, le chancelier allemand, Friedrich Merz, dont l’industrie serait la principale victime des nouvelles surtaxes. Au vu de cette frilosité persistante, le projet d’une coalition internationale pour contrer les tarifs de Trump ne semble pas encore prête de voir le jour.


Blocs-notes


L’INDE EN TÊTE DE FILE □ Alors que les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ont été informés dès lundi dernier de nouveaux droits de douane « réciproques » proches des niveaux annoncés en avril, l’Inde n’a, quant à elle, toujours pas reçu de lettre officielle de Donald Trump.

Selon Bloomberg, les deux pays discuteraient d’un accord provisoire qui limiterait les hausses tarifaires américaines à moins de 20 %, contre 26 % initialement envisagées en avril. Un arrangement temporaire qui permettrait de prolonger les discussions en vue d’un accord plus large à l’automne.

Si Donald Trump s’est dit optimiste quant à une signature rapide, des désaccords persistent dans des secteurs tels que l'agriculture et l'automobile.

Alors que Washington cherche à obtenir un meilleur accès au vaste marché indien pour ses produits laitiers et agricoles, New Delhi tente de résister aux demandes américaines. L’Inde exporte nettement plus qu’elle n’importe dans l’agroalimentaire, où est employée environ 40 % de sa population active. De plus, le géant asiatique interdit les cultures génétiquement modifiées, ce qui complique toute ouverture à des produits américains standards.

New Delhi réclame par ailleurs, entre autres, la levée des droits de douane punitifs imposés par Trump sur l’acier (50 %), l’aluminium (50 %) et les automobiles (25 %).

Autre point de friction : la place de l’Inde au sein des BRICS. La semaine dernière, Donald Trump a menacé d’imposer 10 % de droits supplémentaires aux membres du groupe pour leurs « politiques anti-américaines » (BLOCS#69). Or, l’Inde doit prendre la présidence du bloc en 2026, à un moment où la Chine et la Russie cherchent à en faire une force d’opposition aux puissances occidentales, en contestant notamment la suprématie du dollar. Le pouvoir indien a cherché à rassurer Washington sur ce sujet.

« Si un accord est conclu, il pourrait modifier l'équation sur le plus grand marché de consommation du monde, et peut-être marquer un nouveau départ dans la dynamique commerciale indo-américaine », estime le journal financier indien The Economic Times.

L’Inde est en effet perçue comme un partenaire stratégique de l’administration Trump, de par son marché potentiel de 1,4 milliard de consommateurs et son positionnement d’alternative à la Chine sur le contient asiatique.

Du point de vu indien, l’augmentation des droits de douane américains sur des partenaires commerciaux comme la Chine, la Thaïlande, le Canada et le Mexique pourrait conférer un avantage concurrentiel significatif, en particulier dans des secteurs tels que les produits pharmaceutiques, les textiles et l'électronique.

Mi-avril, un article du média The Conversation voyait ainsi dans la politique protectionniste de Donald Trump « une aubaine économique pour l’Inde ».

L’ACCORD UE-UKRAINE INQUIÈTE LES AGRICULTEURS □ La révision de l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine (ALECA) conclue le 30 juin, suscite l’inquiétude des principales associations agricoles européennes.

Ce compromis de principe, présenté par le commissaire européen au Commerce Maroš Šefčovič, prévoit notamment une augmentation des quotas d’importation fixés par l’ALECA pour plusieurs produits agricoles, tels que le blé (+30 %), le maïs (+54 %), le miel (+583 %), le sucre (+498 %) ou la volaille (+30 %).

Ces hausses spectaculaires sont toutefois calculées par rapport aux conditions existantes avant 2022. Car suite à l’invasion russe, l’UE avait décidé, dès juin 2022, de suspendre temporairement les droits de douane et les quotas sur les produits ukrainiens, dans le cadre de mesures de soutien dérogatoires à l’ALECA appelées « Mesures commerciales autonomes  ».

En juin 2024, face à la colère des agriculteurs de l’UE, dont certains, comme en Pologne, jugeaient cette concurrence déloyale, la Commission avait assorti cette libéralisation exceptionnelle de « freins d’urgence » pour juguler l’afflux de produits agricoles. Le principe : réintroduire des droits de douanes sectoriels dès lors que certains seuils d’importation en Europe étaient dépassés.

Mais ce régime temporaire ayant expiré en juin dernier, l’UE se devait de trouver des conditions commerciales pérennes avec l’Ukraine. C’est ainsi que la nouvelle version de l’ALECA est en pratique vouée à prendre le relais du régime des « Mesures commerciales autonomes  ». Reste que cette révision, qui n’est pas encore actée, n’est pas du goût de tous.

Dans un communiqué du 8 juillet, la Copa-Cogeca, principal représentant des organisations agricoles européennes regrette « l’ampleur de la concession disproportionnée pour certains de ces secteurs agricoles sensibles, [...] à un moment où ces secteurs subissent déjà la pression de libéralisations commerciales cumulées ».

Malgré certaines hausses à trois chiffres par rapport aux chiffres d’avant-guerre, le commissaire à l'Agriculture Christophe Hansen tempère, estimant que « pour le blé, [...] cela représente une baisse de 80% par rapport aux volumes observés pendant le pic d'importations » lors des deux dernières années.

De plus cette ouverture est conditionnée à l’alignement de l’Ukraine sur plusieurs standards européens, notamment en matière de bien-être animal et d’utilisation des pesticides. Tout du moins, sur le papier.

Le Copa-Cogeca doutedu respect effectif des normes de productions européennes tant « son application en temps de guerre présente de sérieuses limites ».

Le nouveau traité de libre échange annoncé fin juin doit désormais être approuvé à la majorité qualifiée – soit par au moins 15 États membres représentant 65 % de la population de l’UE. Si la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie ont fait part de leurs inquiétudes, la France et l’Allemagne semblent favorables.


Mini-blocs


L’imposition de droits de douane de 50% sur le cuivre, annoncée par Donald Trump la semaine dernière, et devant prendre effet le 1er août, alarme les industriels outre-Atlantique, qui anticipent en constituant des stocks. Aux États-Unis, plus de la moitié de la demande de ce métal indispensable à l’industrie automobile, la défense (batteries électriques, semi-conducteurs, etc.) et la construction, est importée, majoritairement depuis le Chili et le Canada. Le Président américain invoque des considérations de sécurité nationale pour imposer ce nouveau tarif, sur la base de la Section 232 du Trade Expansion Act. Déjà durement touchés par la politique protectionniste du Président américain – avec notamment des tarifs sur les importations automobiles (25%), l’acier et l’aluminium (50%) –, les industriels déplorent l’absence de clarté quant au champ d’application de la mesure, à l’instar de Daimler Truck et de l’Association américaine des industries aérospatiales (AIA). Selon Les Échos, les entreprises concernées s’étaient déjà engagées dans la constitution de stocks préventifs dès l’ouverture de l’enquête 232, en février. D’où la flambée du cours du métal rouge à la bourse de New York. Les entreprises en question craignent cependant une hausse durable des coûts de production, en raison de la renégociation des contrats de fourniture, et de l’inertie de la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement.

L’État américain va investir des milliards de dollars dans MP Materials pour sécuriser son approvisionnement en terres rares, a annoncé ce géant minier le 10 juillet. Le Pentagone prendra ainsi une participation de 15 % dans l’entreprise américaine, en déboursant 400 millions de dollars, tout en injectant plusieurs milliards pour construire une usine de fabrication d’aimants d’une capacité de 10 000 tonnes métriques. La mise en service de cette dernière est prévue pour 2028. Basée à Las Vegas, MP Materials exploite la seule mine de terres rares des États-Unis, située à Mountain Pass, en Californie. Elle y extrait notamment du néodyme et du praséodyme, des éléments essentiels à la fabrication de systèmes d’armements et de véhicules électriques. Le ministère étatsunien de la Défense entend ainsi atténuer la dépendance aux minerais stratégiques chinois, qui font l’objet de restrictions depuis la guerre commerciale ouverte par le locataire de la Maison Blanche (BLOCS #65). La décision est d’autant plus spectaculaire « qu’il est rare pour l’administration américaine d’investir directement dans des entreprises », comme le souligne le Financial Times.

L’UE et l’Indonésie sont proches de conclure un vaste accord économique, ont annoncé la cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le président de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est, Prabowo Subianto, le 13 juillet à Bruxelles. Les négociations pour conclure cet « Accord de partenariat économique global » (« Comprehensive Economic Partnership Agreement », ou « CEPA ») pourraient donc aboutir en septembre prochain. Un tel traité aurait pour but d’augmenter les échanges commerciaux et les investissements entre l’Indonésie et l’UE, le cinquième partenaire commercial de ce pays de plus de 280 millions d’habitants (30,1 Mds de dollars d’échanges en 2024). Lancées en 2016, « les discussions furent ralenties au cours de la dernière législature à la suite de l'adoption des nombreuses mesures du Pacte vert », rappelle les Echos. Jakarta continue en particulier de contester la loi européenne anti-déforestation importée (BLOCS#63). S’il était entériné, cet accord constituerait une belle victoire dans le cadre de la stratégie de diversification commerciale engagée par l’UE face aux tarifs de Trump, et aux multiples tensions avec Pékin.

Voilà un mois et demi que les Vingt-Sept ont décidé de réexaminer leur Accord d’Association avec Israël, et plus d’un mois qu’un rapport du Service d’action extérieur de l’UE a estimé que l’État Hébreu rompait – à Gaza et en Cisjordanie – ses engagements en matière de droits humains contenu à l’article 2 de ce texte (BLOCS#67). Les ministres des Affaires étrangères de l’Union s’étaient donc donnés rendez-vous hier à Bruxelles pour faire le point, et éventuellement décider d’une suspension partielle de ce traité régissant notamment les relations commerciales. Mais il n’en sera rien à ce stade. Les Européens se satisfont des récents engagements d’Israël à augmenter l'accès de l'aide humanitaire, comme l’explique ce matin La Matinale européenne, une lettre d’actualité sur l’UE. « Nous voyons des signes positifs », a déclaré Kaja Kallas. Mais « Israël doit adopter des mesures plus concrètes (...) » car « clairement, ce n'est pas suffisant » a poursuivi l’Estonienne, citée par « La Matinale ». Pour « maintenir la pression », le Conseil des Affaires étrangères a décidé de mener une vérification toutes les deux semaines du respect de l'accord, indique cette newsletter à laquelle nous vous recommandons de vous abonner.

Le solde des transactions courantes de l’Hexagone est repassé dans le vert en 2024, selon des chiffres publiés par la Banque de France le 10 juillet. Cet indicateur mesure l’ensemble des flux de biens, services et revenus échangés avec l'extérieur. Après deux années consécutives de déficit (-29,4 Mds€ en 2023 ; -37,7 Mds€ en 2022), ce solde a enregistré un excédent de 2,7 Md€ en 2024. Cette nette amélioration s'explique par la réduction du déficit commercial tricolore l’année dernière (BLOCS#49). La différence entre les importations et les exportations de biens s'était en effet réduite (de -78,3Mds€ en 2023 à -60 Mds en 2024, selon les chiffres de la Banque de France), du fait de la diminution des coûts de l’énergie et du redressement des exportations industrielles. Le fort dynamisme des échanges de services, dont l’excédent a atteint 56,5 Md€ en 2024, contribue également au redressement du solde des transactions courantes.

La guerre commerciale engagée par les États-Unis en 2025 risque de peser négativement sur les exportations françaises, avec un impact sectoriel très hétérogène, d’après les estimations de l'Institut des Politiques Macroéconomiques et Internationales (Paris School of Economics et CEPREMAPS). Cette étude parue le 2 juillet distingue deux canaux principaux affectant l'industrie nationale. D'une part, les exportations totales de la France sont susceptibles de diminuer de 2% en moyenne, en dépit d'une réorientation partielle des flux vers d'autres marchés. Premières victimes : les secteurs du bois, de la chimie et de la métallurgie. D'autre part, un effet de report vers l’Europe des exportations chinoises menace la compétitivité industrielle du Vieux continent. Alors que les pourparlers se poursuivent entre Bruxelles et Washington, l’étude se base sur un scénario avec des droits américains « réciproques » de 10%, incluant les exemptions (services, industrie pharmaceutique, semi-conducteurs) et majorations (automobiles, sidérurgie) sectorielles annoncées en avril 2025. Les lourds effets de l’incertitude créée par l’administration Trump sur les acteurs économiques sont aussi pris en compte.

Pour répondre aux défis posés par les investissements chinois en Europe dans la filière des véhicules électriques, les Vingt-Sept doivent se coordonner et aligner leur politique d'attractivité avec leurs objectifs industriels, climatiques et de sécurité, estime l’institut bruxellois Bruegel dans un rapport paru ce mercredi matin. Profitant du manque de compétitivité des constructeurs européens, les investissements chinois dans le secteur ont été multipliés par 5 entre 2022 et 2024 ; non sans soulever des risques économiques et sécuritaires. Les auteurs émettent une série de recommandations afin d’attirer les investissements présentant une valeur ajoutée suffisante, tout en se prémunissant contre les pratiques suscitant des distorsions de concurrence.

Dans son dernier billet en ligne, l’ECIPE s’intéresse à la validité du concept d’économie globalisée alors qu’approche l’échéance du 1er aout, date annoncée d’entrée en application d’une salve de nouveaux droits de douanes de Donald Trump. Ce climat alimente les craintes d’un effondrement du commerce mondial. Pourtant, malgré les chocs successifs (Covid, guerre en Ukraine, Trump), la mondialisation évolue davantage qu’elle ne s’effondre, selon ce think tank bruxellois. Cette note, qui sera développée dans une étude à paraître en septembre, évoque une « fragmentation géoéconomique », comme entre les Etats-Unis et la Chine, et mais sans effondrement du volume global des échanges. Le commerce se réoriente géographiquement, avec un rôle croissant des économies « neutres » (Inde, Vietnam, Mexique) qui captent les flux détournés, explique l’ECIPE.


Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel, Justine Duval et Clément Solal. Merci à Sophie Hus, notre fidèle correctrice.

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Par Mathieu Solal

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