□ L'Europe serre les rangs □ Le numéro d'équilibriste du Vietnam □ La saga de la loi anti-déforestation importée de l'UE □ L'ajustement carbone aux frontières préservé à Bruxelles □ L'UE rouvre son accord avec Israël □ Durcit les sanctions contre la Russie □ Mais taxe de nouveau l'agriculture ukrainienne □ Trump ouvre la porte au rachat d'US Steel
BLOCS#63 □ Bonjour, nous sommes le mercredi 28 mai et voici le soixante-troisième épisode de votre condensé d’actualité utile sur le commerce international. Suivez-nous sur LinkedIn.
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Après avoir menacé de frapper l’UE de droits de douane de 50% dès le 1er juin, le président américain a rétropédalé, dimanche, au cours d’un entretien téléphonique avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le dernier signe en date que les Vingt-Sept, en dépit des inéluctables divisions qu’on leur promettait, parviennent jusqu’ici à suffisamment serrer les rangs face à Washington. Une vertu dont l’Europe aura fort besoin ces prochaines semaines, alors que l’épée de Damoclès tarifaire demeure, et que les négociations vont s’intensifier. Décryptage.
© Compte Instagram de Ursula von der Leyen, le 28 janvier dernier
COUP DE FIL SUR LE FIL □ Donald Trump souffle le chaud et le froid sur le Vieux Continent. Après avoir menacé, vendredi dernier, de frapper l’UE de droits de douane de 50% dès le 1er juin, le président américain a rétropédalé, dimanche, au cours d’un coup de téléphone avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« Elle vient de m’appeler et elle a demandé une prolongation de la date après le 1ᵉʳ juin, et elle a dit qu’elle voulait entamer des négociations sérieuses, a ainsi déclaré le leader du clan MAGA devant la presse. Nous avons eu une très bonne conversation et j’ai accepté de déplacer la date au 9 juillet. (…) J’ai accepté, et elle m’a dit que nous allions rapidement nous rencontrer et voir si nous pouvions trouver une solution ».
Les Européens auront donc un peu plus d’un mois supplémentaire pour négocier un accord avec Washington, mais ils restent menacés par les droits de douane de 50% en cas d’échec.
Ce nouveau coup de théâtre vient encore renforcer l’incertitude qui entoure les discussions transatlantiques.« La réalité, c’est qu’aujourd’hui, on ne sait pas où on va, relatait samedi un fonctionnaire européen. Pour autant, nous maintenons l’objectif de faire aboutir ces discussions ; le partenaire de négociation compliqué dans l’affaire, ce n’est pas nous. Les Américains empêchent d’avancer sur la substance des discussions, jusqu’à donner l’impression qu’eux-même n’ont pas de cap » (BLOCS#57).
COALITION HÉTÉROGÈNE □ Cette impression s’explique par le caractère hétérogène de la coalition qui soutient Donald Trump, selon Nicolas Köhler-Suzuki, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors.
« Schématiquement, on a d’un côté le clan MAGA, qui a horreur des déficits commerciaux, souhaite rapatrier les emplois dans l’industrie, prône l’isolationnisme et veut un dollar faible pour soutenir les exportations américaines, analyse-t-il.
« D’un autre côté, il y a les ‘tech bros’, qui ont des intérêts très différents. Ils soutiennent la mondialisation, aimeraient faire tomber les régulations du numérique européennes, et sont frustrés par ce qui se passe aux États-Unis, avec la continuation par Donald Trump de la politique anti-trust menée sous Joe Biden. Enfin, il y a l’establishment républicain, dont le soutien financier est crucial pour M. Trump, et qui préfère un dollar fort, des impôts faibles et la dérégulation ».
Trois groupes aux intérêts divergents, et, au milieu, un président imprévisible. « Qui parvient à avoir l’oreille de M. Trump peut réussir à influer sur la politique sur un temps très court, ce qui crée une politique complètement erratique, poursuit Nicolas Köhler-Suzuki. Et c’est face à cela que l’UE doit négocier… ».
ATTENTE OU ATTENTISME □ Reste que plus de 4 mois et demi après l’investiture de M. Trump, et en dépit de la mise en place de droits de douane de 10% sur la quasi-totalité des produits européens, de 25% sur son acier et son aluminium ainsi que sur son secteur automobile, aucune contre-mesure n’est aujourd’hui effective.
Celles qui avaient été décidées ont en effet été suspendues par Bruxelles le 10 avril, à la suite du report pour 90 jours des droits de douane dits « réciproques » de la Maison Blanche.
Une abstention européenne, que certains qualifient d’attentisme, mais qui paraît assez logique à Nicolas Köhler-Suzuki. « La position d’attente de l’UE s’explique par le fait que le temps joue en sa faveur, analyse le chercheur. L’UE a beaucoup à perdre, mais sait que la deuxième partie de l’année marquera l’entrée en campagne pour les élections de mi-mandat aux États-Unis. Or, les sondages montrent que les électeurs n’approuvent pas vraiment la politique commerciale de M. Trump, alors même qu’ils n’ont pas encore senti les effets en termes d’inflation, grâce aux stocks constitués par les entreprises ».
Cette période d’attente a aussi permis aux Européens d’observer le mano a mano entre Washington et Pékin (BLOCS#61), et de comprendre que l’emballement des marchés, en particulier obligataires, pouvait constituer une limite au protectionnisme américain.
METTRE LES ARMES SUR LA TABLE □ « On sent du côté de la Commission une volonté de rester dans une logique de dialogue, comme l’a encore illustré ce week-end l’appel d’Ursula von der Leyen avec Donald Trump, explique pour sa part l’eurodéputée MoDem, Marie-Pierre Vedrenne, membre de la commission du commerce international. Cela montre que l’UE veut rester un marché ouvert et un acteur prévisible. Cela dit, si on veut faire disparaître ces barrières américaines, il va nous falloir soit un accord, soit des contre-mesures sévères et assez rapides ».
Pour l’eurodéputée bretonne, les Européens doivent ainsi mettre toute leur panoplie sur la table pour mieux peser. « On doit pouvoir parler de taxation des services, du numérique, de mesures de rétorsion sur les brevets, pour pouvoir agir à un maximum de niveaux et répondre avec des mesures de rétorsion ciblées et proportionnées », estime-t-elle. L’ampleur des représailles reste en coulisses un sujet peu consensuel parmi les 27, qui parviennent néanmoins à afficher un front uni.
MELONI JOUE LE JEU □« La principale crainte était que l’Europe se désunisse, or l’unité est intacte à date. Je suis surpris que les observateurs, si prompts à critiquer, ne le reconnaissent pas, fustige le fonctionnaire européen déjà cité. Absolument tout le monde nous expliquait que l’UE allait se fissurer, que chaque pays irait négocier son propre bout de gras à Washington : ce n’est en rien le cas ».
De fait, celle qui attisait le plus ces craintes, l’Italienne Giorgia Meloni, proche idéologiquement de Donald Trump, et dont le pays fait partie de ceux qui ont le plus à perdre dans une guerre commerciale avec Washington, continue néanmoins de défendre l’intérêt européen.
« Girogia Meloni joue la carte de l’interlocutrice privilégiée avec M. Trump, tout en sachant qu’elle doit le faire dans l’intérêt du marché intérieur pour ne pas perdre sa crédibilité », analyse Marie-Pierre Vedrenne.
Pour mener à bien les négociations, il faudra maintenir cette unité, dans un contexte de tension qui ne fera que croître d’ici à la date fatidique du 9 juillet.
LE POIDS DE L’ENJEU □ « L’administration américaine va certainement appuyer très fort là où elle verra une faiblesse, pour tenter de briser l’unité de l’UE, explique Nicolas Köhler-Suzuki. Mais du côté des Etats membres, il y a une grande conscience que leur capacité de négociation dépend de cette unité. Autre point positif : l’UE n’a besoin que d’une majorité qualifiée des Vingt-Sept pour adopter des contre-mesures, et non de l’unanimité ».
Pour le chercheur, la pression viendra plutôt des entreprises, qui tenteront d’influencer les gouvernements pour éviter les droits de douane à tout prix. Le risque : signer un accord qui, à l’instar de celui trouvé par le Royaume-Uni avec les États-Unis (BLOCS#61), accepterait de fait le principe des droits de douane dits « réciproques », et donc le démantèlement du système des échanges internationaux dont dépend énormément l’UE par ailleurs.
À court terme, l’enjeu est très lourd pour les Européens : selon les calculs de l'Institut syndical européen (ETUI), jusqu'à 720 000 emplois dans l'UE, principalement dans le secteur manufacturier, pourraient être menacés si le président américain, Donald Trump, imposait des droits de douane de 20% sur les exportations européennes. Les conséquences sur l’emploi d’un taux de 50% n’ont quant à elles pas encore été calculées.
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LE BAMBOU VIETNAMIEN SOUS PRESSION □ Le Vietnam, qui s’était vu imposer des droits de douane de 46% par Donald Trump le 2 avril, se trouve dans une position des plus inconfortables dans les négociations commerciales avec Washington.
Ce pays de l’Asie du Sud Est, dont le taux a ensuite été ramené provisoirement à 10%, comme pour l’essentiel des autres partenaires commerciaux des États-Unis, s’efforce d’obtenir un traitement tarifaire plus favorable d’ici à la date butoir du 9 juillet fixée par le président américain.
Cela n’aura rien d’évident : le Vietnam, troisième pays affichant le plus vaste excédent commercial avec les États-Unis (123 milliards de dollars en 2024), derrière le Mexique et la Chine, se voit en effet reprocher par la Maison Blanche de servir massivement de plateforme de réexportation vers l’Amérique de produits en réalité chinois.
De fait, les troublantes coïncidences des chiffres, ces dernières années, entre les baisses des ventes de la Chine vers son rival américain et l’augmentation simultanée des exportations du Vietnam aux États-Unis (a fortiori sur le mois d’avril dernier), donnent du crédit aux accusations américaines. Selon le site The Interpreter, le contenu chinois indirectement exporté vers l’Amérique concernerait aujourd’hui environ 25 % des importations vietnamiennes en provenance de Chine.
Qu’Hanoï remédie à ce phénomène est donc, aux yeux de Donald Trump, une condition sine qua non pour que les pourparlers aboutissent … Ce qui pour l’économie du Vietnam est un impératif : la puissance manufacturière asiatique, qui s’est développée à grand vitesse dans le sillage de la première guerre commerciale trumpienne avec la Chine en 2018 - dans le textile et plus encore dans l’électronique - est très dépendante de sa relation commerciale avec les États-Unis.
Le pouvoir vietnamien s’efforce dès lors de donner des gages à Washington, comme l’explique Le Monde. Le Vietnam, à l’instar d’autres pays de la région, dont la Thaïlande et la Malaisie, a annoncé des mesures pour combattre le « blanchiment d’origine » : une pratique par laquelle des biens sont envoyés dans un pays tiers, réétiquetés et réexportés avec de nouveaux certificats d’origine.
Reste que cette ce phénomène très courant n’est pas toujours illégal : de nombreuses entreprises assemblent des composants industriels venus de Chine au sein de pays tiers, au Vietnam, et plus globalement en Asie du Sud Est donc, ou bien y créent suffisamment de valeur ajoutée pour pouvoir changer légalement le lieu d’origine du produit. De plus, même lorsque ces méthodes sont illégales, elles sont très difficiles à tracer.
Difficulté additionnelle, et pas des moindres : Hanoï comme les autres capitales de la région, est très réticente à s’attaquer trop frontalement à des grandes entreprises chinoises, de peur d’énerver Pékin.
Le Vietnam, qui est aussi dépendant de l’ogre économique chinois, en matière commerciale et d’investissements, a (comme l’Indonésie) pour ligne de ne pas choisir entre Pékin et Washington : un positionnement connu dans le pays sous le nom de « diplomatie du bambou ». Reste que M.Trump intime à Hanoï de trancher. Et qu’il faudra donc beaucoup d’adresse au pouvoir vietnamien pour se sortir de ce périlleux numéro d’équilibriste.
NOUVEAU SURSIS POUR LA DEFORESTATION ? □ L’instrument « anti-déforestation » de l’UE entrera-t-il en application le 30 décembre 2025, comme prévu ?
En marge d’une réunion des ministres de l’Agriculture des Vingt-Sept ce lundi à Bruxelles, 11 pays membres (Autriche, Luxembourg, Italie, Roumanie, Bulgarie, République Tchèque, Finlande, Lettonie, Croatie, Portugal et Slovénie) ont appelé à un nouveau report de ce pilier du Green Deal européen.
Ledit règlement doit interdire l’importation et la commercialisation au sein du marché unique d’une série de produits (cacao, café, soja, huile de palme, bois, viande bovine, caoutchouc, cuir, ameublement, papier, etc.) lorsqu’ils sont issus de terres qui ont été déboisées après 2020.
Adopté en mai 2023, cette législation aurait initialement dû s’appliquer à compter de décembre 2024. Mais l’année dernière, cette échéance avait fini par être décalée d’un an par la Commission européenne sous une double pression : l’une exercée à l’extérieur par certains des grands partenaires commerciaux visés (Brésil, Indonésie, Malaisie, États-Unis, ou encore la RDC) ; et l’autre à l’intérieur de l’UE, par une large majorité d’États membres, dont la France, qui avaient jugé ses procédures excessivement contraignantes pour les acteurs économiques.
Depuis, l’exécutif européen avait certes concocté une série de mesures de simplification administrative destinées à faciliter la tâche des entreprises, lesquelles auront notamment à prouver l’origine des produits via des données de géolocalisation.
Pas suffisant, donc, aux yeux des 11 pays, qui dénoncent des exigences toujours excessives pour les agriculteurs et sylviculteurs européens. Dans un document cité par Reuters, ces derniers réclament davantage de simplification, ainsi qu’un ajournement supplémentaire d’un an, à décembre 2026.
Cette vaste coalition aura-t-elle gain de cause ? Beaucoup pourrait dépendra de la position des autres gouvernements, a fortiori ceux des grands pays. Lundi à Bruxelles, l’Allemagne a semblé sur la ligne des 11 pays, quand la France et l’Espagne « ont estimé, au contraire, que le texte devait entrer en vigueur à la date convenue (...), tout en reconnaissant le besoin de simplifier les règles au maximum », note le média spécialisé l’Agence Europe.
La Commission européenne avait pour sa part jusqu’ici paru résolue à s'en tenir à la date butoir de décembre 2025. L’exécutif de l’UE avait dévoilé le 22 mai un document très attendu : un acte d’exécution rangeant les différents pays du monde dans trois catégories en fonction de leur niveau de risque en matière de déforestation.
Le contenu de ce cette classification a suscité des critiques ; on ne trouve ainsi dans la catégorie des pays « à hauts risques », soumis à une vigilance renforcée, ni le Brésil, ni l’Indonésie, ni la RDC, ni la Bolivie, soit les quatre pays où le recours à la déforestation est pourtant le plus important.
A l’heure où l’UE s’efforce de diversifier ses relations commerciales face au protectionnisme de Donald Trump, il n’est pas si étonnant que Bruxelles cherche « à éviter de se fâcher avec de grands partenaires commerciaux des pays émergents », relève Alain Karsenty, économiste, chercheur au CIRAD dans une analyse publiée en ligne.
Reste que le classement dans les différentes catégories n’exempte aucun pays d’appliquer le règlement, mais provoque seulement des obligations plus ou moins lourdes, et des contrôles plus ou moins fréquents par les autorités douanières des États membres.
Lundi, les 11 ministres réfractaires ont toutefois réclamé la création d’une nouvelle catégorie de pays à « risque très bas », qui pourraient alors échapper à tout contrôle douanier, et toute obligation de traçabilité. Affaire à suivre, donc.
□ Le Mécanisme d’ajustement aux frontières de l’UE (dit « CBAM », son acronyme anglais) autre élément emblématique du Green Deal européen sur le plan commercial, semble autrement mieux parti pour commencer à s’appliquer dans les temps. Ce règlement prévoit de taxer progressivement, à compter de début 2026, certaines importations parmi les plus émettrices, en fonction de leur empreinte carbone (acier, fer, aluminium, ciment, engrais, hydrogène et électricité). On pouvait craindre que cette législation, dont la création était défendue par la France depuis Jacques Chirac, fasse les frais du mouvement de recul environnemental à l'œuvre à Bruxelles. Mais l’UE devrait finalement alléger le CBAM, sans pour autant remettre en cause son ambition initiale. Le Parlement européen et le Conseil de l’UE viennent de donner successivement leurs feux verts à une proposition de simplification formulée en février dernier par la Commission européenne. La principale mesure : exempter les opérateurs dont les importations cumulées d’acier, d'aluminium, d'engrais et de ciment, ne dépassent pas les 50 tonnes sur une année ; ce qui devrait soulager pas moins de 91% des entreprises, tout en ciblant toujours 99% des émissions importées. Néanmoins, à mesure que l’échéance de début 2026 approchera, l’UE aura à résister aux pressions internationales lui intimant de reculer : nombre de partenaires commerciaux, dont l’Inde, le Brésil, et la Chine, ont déjà vivement critiqué la législation.
□ L’UE lance une révision de son accord d’association avec Israël face à la situation dramatique à Gaza. Le 20 mai, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, 17 pays membres se sont prononcés en faveur de cette révision, et 9 s’y sont opposés (Allemagne, Italie, Hongrie, République Tchèque, Grèce, Croatie, Chypre, Bulgarie et Lituanie). Entré en vigueur en 2000, cet accord régit la relation politique entre les deux partenaires, ainsi que la libéralisation de leurs échanges commerciaux, domaine où l’Union est le premier partenaire de l’État Hébreu. La demande de révision, initialement soumise par les Pays-Bas , est motivée par des violations graves et répétées des droits humains et du droit international commises par Israël dans la bande de Gaza. Désormais, c’est à la Commission européenne d’estimer si Israël rompt en effet ses engagements en matière de droits humains contenus dans l’accord : le cas échéant, l’exécutif de l’UE devra proposer une série de mesures appropriées, qui peuvent aller jusqu’au gel ou à la suspension de l’accord. Ces propositions feraient ensuite l’objet de votes à la table des 27, à la majorité qualifiée (requérant 15 États sur 27, représentant au moins 65 % de la population de l'UE) pour ce qui est des éventuelles mesures commerciales.
□ « Jeudi 22 mai, dans une indifférence presque générale, l'UE a approuvé une décision qui pourrait coûter 3,5 milliards d'euros à l'Ukraine », écrit La Matinale européenne dans son numéro de ce mardi. Sur proposition de la Commission européenne, les Vingt-Sept ont en effet validé la réintroduction, à partir du 6 juin, du système des quotas et des droits de douane pour les produits agricoles ukrainiens, abandonné en juin 2022 pour soutenir l'économie du pays. « À Bruxelles, à voix basse, il est expliqué que la Commission a choisi de prendre en compte les protestations des agriculteurs et de plusieurs gouvernements face au régime préférentiel réservé à l'Ukraine en guerre », note cette lettre quotidienne spécialisée sur les affaires de l’UE à laquelle nous vous recommandons de vous abonner. Et La Matinale de relever que la décision de jeudi ne se limitera pas aux biens agricoles dits sensibles pour les agriculteurs de l’UE (volaille, œufs, sucre, avoine, maïs, semoule et miel). Selon les estimations du gouvernement de Kyiv, la perte s'élève entre 3 et 3,5 milliards d'euros par an. « À Bruxelles, des calculs différents sont faits. Une source nous a indiqué un dommage de 1,5 milliard d'euros pour l'Ukraine », lit-on encore dans cet article d’analyse, où nos camarades se demandent, plus globalement, «jusqu'où l'UE est-elle prête à souffrir pour arrêter la Russie ? »
□ Alors que les pourparlers de paix patinent, les Européens durcissent par ailleurs leurs sanctions contre la Russie. Après l’adoption d’un 17ème train de mesures, visant notamment la flotte de pétroliers « fantôme » de Moscou, l’UE s’attaque aux produits agricoles : à partir du 1er juillet, certains produits en provenance de Russie et de Biélorussie, parmi lesquels le sucre, le vinaigre, la farine et les aliments pour animaux, seront frappés d’un droit de douane de 50 % à leur entrée dans l’UE. Proposée en janvier dernier par la Commission européenne, la mesure a été adoptée jeudi par le Parlement européen, après avoir été validée par les États membres en mars. Au menu également : une taxe de 6,5 % sur les engrais importés des deux pays, à laquelle s’ajoutera un droit progressif de 40 à 45 euros par tonne, jusqu’en 2028. La Commission promet de surveiller l’impact sur les prix, le marché intérieur et l’agriculture européenne, avec la possibilité d’ajuster le dispositif si nécessaire, étant donné la forte dépendance de l’UE. En 2024, l’Union a importé 6,2 millions de tonnes d’engrais russes, et près de 2,5 millions depuis le début de 2025 — soit un quart de ses importations dans ce secteur, précise Les Échos.
□ Donald Trump laissera-t-il le Japon entrer en possession d'US Steel ? Le locataire de la Maison Blanche a donné son approbation vendredi dernier sur son réseau social Truth à un investissement du mastodonte japonais Nippon Steel pour sauver l’entreprise emblématique de Pennsylvanie. Il s’agira d’un « partenariat planifié », dont les contours doivent être définis et qui verra 14 mds de dollars investis, ainsi que 70 000 emplois créés sur le sol américain, selon le président américain. Le groupe, en difficulté face à la concurrence de l’acier chinois, avait conclu un accord de fusion au profit de son concurrent nippon à la fin de l’année 2023. Mais Joe Biden avait bloqué l'opération le 3 janvier 2025 au motif qu’elle « créerait un risque pour la sécurité nationale américaine ». Fermement opposé à l'acquisition étrangère du sidérurgiste états-unien lors de sa campagne, Donald Trump a précisé dimanche que « les États-Unis resteront en contrôle de l’entreprise, sans quoi je ne conclurais pas ce deal ». L’attente est donc de mise pour avoir les modalités exactes de cet accord, qui a par ailleurs fait bondir le titre de la firme américaine, remonté à son plus haut niveau en bourse depuis 2011. Nippon Steel de son côté, entend consolider sa troisième place de producteur mondial d’acier derrière le Chinois Baowu et l’Indien Mittal
□ Dans son dernier rapport, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) examine les conséquences de la politique commerciale de Donald Trump sur les pays les plus vulnérables, nombreux en Afrique (BLOCS#58). Entendus comme les pays les moins développés, les pays enclavés et les îles en développement, ceux-ci représentent 16,7% de la population mondiale pour seulement 2,7% des exportations. À l’image du Cambodge, menacé de 49% de droits de douane réciproques, du Lesotho (50%) ou encore de Madagascar (47%), les pays les plus vulnérables seraient ainsi les plus touchés par l’application des tarifs devant être rétablis le 9 juillet. L’organisation onusienne s’alerte d’une situation inique : 8% des exportations de ces pays sont à destination des Etats-Unis, ce qui représente seulement 1,6% des importations américaines. Lesdits pays ne contribuent du reste qu’à hauteur de 0,3% du déficit commerciale de l’oncle Sam. |
Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel, Clément Solal et Sophie Hus.
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