Face à Trump, l’UE tentée de se coucher

□ La négociation sur les tarifs avant la date-butoir du 9 juillet □ La refonte des douanes de l'UE □ La chimie s'englue dans la crise □ La détente Pékin-Washington confirmée □ La France espère un deal imminent avec la Chine sur le cognac □ Bruxelles imagine un « mini-OMC » □ L'auto britannique cale □ Les profits de l'industrie chinoise en baisse

BLOCS
9 min ⋅ 02/07/2025

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Super-bloc

À quelques jours de la date-butoir du 9 juillet, à laquelle doivent être réinstaurés les droits de douane dits « réciproques » de Donald Trump, les Européens paraissent divisés, et envoient de plus en plus de signaux de soumission à Washington. Dans ce contexte alarmant, où l’économie du Vieux continent joue gros, que faut-il attendre de la négociation transatlantique ? Analyse.

Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz au sommet de l’OTAN, le 25 juin dernier à La Haye (Pays-Bas) © Compte Instagram officiel du chancelier fédéral

DATE FATIDIQUE □ « J'ai dit à mes collègues : 'Trouvons rapidement une solution, s'il vous plaît’ », a expliqué le chancelier allemand Friedrich Merz à propos des droits de douane américains, au sortir d’un sommet européen, jeudi dernier à Bruxelles.

À quelques encablures de la date fatidique du 9 juillet qui doit en principe marquer le retour des tarifs dits « réciproques » d’au moins 20% sur les produits européens, sauf accord d’ici là, le conservateur aux manettes du gouvernement fédéral paraît perdre patience.

En cause, l’état inquiétant de l’industrie allemande (BLOCS#50), à laquelle les sanctions commerciales trumpiennes menacent de donner le coup de grâce.

SAUVER LES MEUBLES □ Pour sauver les meubles, le chancelier, comme la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, dont l’industrie est aussi très exposée aux sanctions américaines, semblent vouloir avant tout épargner certains secteurs parmi les plus pénalisés. Et ce, quitte à accepter le maintien de droits de douane américains de 10% sur la quasi-totalité des biens exportés par l’UE vers les États-Unis.

« J’ai notamment fait référence à certaines industries que nous avons en Allemagne, a ainsi expliqué M. Merz, au cours de la même conférence de presse. L’industrie chimique, pharmaceutique, la construction mécanique, [celles de] l'acier et l'aluminium, l'industrie automobile sont actuellement toutes soumises à des tarifs tellement élevés que cela met vraiment en danger les entreprises ».

L’acier et l’aluminium sont en effet frappés de droits de douane de 50% par les États-Unis, et l’automobile de 25%. L’industrie pharmaceutique, pour l’heure exemptée, pourrait subir un sort similaire à la rentrée. La chimie, quant à elle, souffre surtout des tensions commerciales sino-américaines, qui laissent craindre une arrivée massive de produits des deux rivaux en Europe.

« SIGNAL POLITIQUE DÉLÉTÈRE » □ Négocier des garanties pour ces secteurs fragiles quitte à accepter le principe d’une base de droits de douane de 10% ? L’idée, qui représenterait une acceptation de fait d’un principe de réciprocité en contradiction totale avec le système de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), semble aussi être celle du négociateur de l’UE, le commissaire au commerce Maroš Šefčovič.

Elle n’est toutefois pas partagée par tout le monde, à la table des Vingt-Sept. « Céder sur les 10% et accepter que cela devienne ’the new normal’ serait dangereux, estime ainsi une source diplomatique française. D’abord, car cela représenterait un signe de faiblesse, ensuite parce que ça ne nous protègerait pas d’une nouvelle augmentation décidée part Donald Trump dans les prochains mois. Enfin on enverrait alors un signal politique délétère aux citoyens européens, en leur montrant qu’on n’est pas si forts que ça à 27 ».

En cas de maintien des sanctions américaines de 10%, Paris préconiserait plutôt de répliquer et d’assumer face à Donald Trump le rapport de force que l’UE a tenté de contourner jusque-là (BLOCS#63).

« Le prélèvement qui est fait sur nos industriels donnera lieu à un même prélèvement qui sera fait sur leurs industriels, parce que, sinon, nous serions naïfs ou faibles, ou les deux à la fois » a ainsi prophétisé Emmanuel Macron, après le même sommet européen, jeudi dernier.

MESSAGES DE SOUMISSION □ En dépit de la pugnacité des mots du président de la République, les Européens, Français compris, ont surtout envoyé des messages de soumission à l’égard de Washington, ces derniers jours.

Au sommet de l’OTAN, en début de semaine dernière, ils ont ainsi consenti, sur ordre du président américain, à faire passer leurs budgets de la défense à 3,5 % de leur PIB en dix ans — 5% en ajoutant les infrastructures militaires associées.

Le tout au cours d’une session ponctuée d’un concert de louanges à l’égard du héros du clan MAGA. Seule l’Espagne a refusé de se plier à cet objectif, écopant au passage de menaces de représailles américaines.

La flagornerie a continué de plus belle jeudi, avec l’acceptation par les pays du G7 de vider de sa substance une grande partie de l’accord d’imposition minimale de 15% des multinationales, en exemptant les entreprises américaines, comme l’exigeait M.Trump.

JUSQU’À L’ABSURDE □ Le renoncement est d’autant plus absurde que l’accord international négocié depuis des années promettait de rapporter beaucoup à l’administration fiscale américaine.

« C’est vraiment ironique, commente Sander Tordoir, l’économiste en chef du Centre for European Reform. D'un côté, Trump utilise les droits de douane pour relancer l'industrie manufacturière américaine. De l'autre, il milite pour faciliter la délocalisation des bénéfices des multinationales américaines, allant même jusqu'à soutenir des incitations fiscales susceptibles de les encourager à produire à l'étranger. L'accord mondial sur l'impôt minimum que le G7 et l'OCDE étaient sur le point de conclure était clairement dans l'intérêt des contribuables américains ».

Contenter Trump jusqu’à l’absurde : tel semble être le nouveau mantra des Européens, qui envisageraient même de saborder leurs réglementations numériques, honnies par les GAFAM, selon un article paru la semaine dernière dans le Wall Street Journal.

RIBERA MONTRE LES DENTS □ Ces derniers jours, la Vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Teresa Ribera, en charge, notamment de l’application des régulations numériques, a beaucoup répété qu’un compromis impliquant un revirement sur ces textes n’était pas envisageable.

« On sent qu’Ursula von der Leyen est sous la pression de l’industrie allemande et du PPE, à dominante allemande aussi, pour obtenir un accord à tout prix, estime Elvire Fabry, chercheur senior en géopolitique du commerce à l'Institut Jacques Delors. Le message fort de Teresa Ribera, qui évoque à juste titre un enjeu de souveraineté européenne, doit être compris dans ce contexte ».

La chercheur n’en affiche pas moins un rare pessimisme. « Je crains qu’on fasse des concessions de court-terme, alors que se joue quelque chose d’existentiel, explique-t-elle. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la relation transatlantique, mais aussi l’image de l’UE auprès de ses citoyens, les valeurs européennes… ».

« PÉTARD MOUILLÉ » □ L’incertitude continue cependant de régner sur les intentions de Washington. La semaine dernière, Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, a même expliqué que les discussions pourraient continuer jusqu'au jour de la fête du travail américaine, soit le 1er septembre.

Il ne faut toutefois pas nécessairement s’y fier, selon Sander Tordoir. « L’équipe Trump voudra prouver que le 9 juillet n'était pas qu’un pétard mouillé, explique-t-il. Elle va donc certainement rétablir des droits de douane élevés et réciproques sur au moins un pays pour faire l'exemple ».

« L'UE est un candidat de choix, mais aussi un partenaire commercial majeur. La Maison Blanche pourrait donc hésiter, craignant une réaction négative de Wall Street et des marchés. Elle pourrait décider qu'il est plus prudent de cibler un pays plus petit et plus vulnérable économiquement ».

« Tout est possible, dans la mesure où les Américains paraissent être dans l’improvisation la plus complète. Il y a de bonnes chances qu’on se retrouve in fine avec une simple déclaration d’intention, que l’administration américaine présentera néanmoins comme un accord », analyse pour sa part Sébastien Jean, professeur d'économie industrielle au CNAM, et ancien directeur du CEPII

Retrouvez cet article en version longue sur le site de notre partenaire, Alternatives Économiques.



Blocs-notes


LES DOUANES DE L’UE À L’ÈRE DU E-COMMERCE □ La large refonte du fonctionnement des services de douanes européens proposée en mai 2023 par la Commission européenne devrait aboutir d'ici la fin 2025. Le projet, présenté comme « la plus ambitieuse et la plus complète réforme depuis la création de l’Union douanière en 1968 », a ainsi fait l’objet d’un accord vendredi dernier entre les Etats membres de l’UE.

La version finale de la réforme, qui prévoit notamment la création d’une Autorité douanière de l’UE, devra être négociée avec le Parlement européen dans les prochains mois

La nouvelle Autorité, que la France se propose d'accueillir à Lille, aura pour principale fonction de développer la coordination, les partages de ressources et d’informations entre les services de douanes nationaux. D’une efficacité très variable selon les Etats, ceux-ci se trouvent aujourd’hui régulièrement débordés.

La future organisation aura aussi pour lourde tâche de gérer un tout nouveau portail en ligne de données douanières — « un EU data hub » dont la création est espérée à l’horizon 2028.

Concrètement, les opérateurs, qui doivent aujourd’hui traiter avec 27 administrations douanières nationales — et plus de 111 interfaces et systèmes informatiques distincts —, utiliseraient alors une interface unique pour fournir les informations concernant leurs importations et exportations.

L’idée, avec cette plateforme est aussi, à terme, de lutter plus efficacement contre les importations frauduleuses émanant notamment du e-commerce, en s’appuyant sur l’IA pour mieux cibler les contrôles — bien que la faisabilité technique de ce projet pharaonique suscite des doutes (BLOCS#42).

À plus court terme, les Vingt-Sept ont également approuvé l’introduction de nouveaux frais de manutention, qui seront ponctionnés sur les petits colis « entrant dans l’UE par la vente à distance ». Cette idée, qui avait été proposée pour la première fois par la Commission européenne en février dernier, a pour premier objectif de combattre la submersion en cours par le e-commerce chinois.

Il reviendra ultérieurement à l’exécutif de l’UE de fixer le montant de ces taxes. Les recettes générées devraient revenir « à l’Union et non aux Etats membres », indique le texte agréé vendredi.

DANGEREUX COCKTAIL POUR LA CHIMIE □ Dans son dernier Baromètre des risques pays et secteurs, Coface dégrade l’appréciation des industries chimiques française, allemande, hollandaise et britannique de « risqué » à « très risqué ».

« On attend depuis un an un rebond qui n'intervient pas. Les carnets de commande ne se remplissent pas, du fait, notamment, de la concurrence chinoise et américaine, qui fait très mal à l'UE », explique l'économiste de Coface Ruben Nizard.

Le secteur européen souffre en effet depuis plusieurs années d’un manque de compétitivité, que n’arrange en rien les guerres commerciales et autres tensions géopolitiques. Entre 2008 et 2023 la part de marché mondial de la chimie européenne a ainsi chuté de 28 à 13%.

Autre indicateur alarmant, cette industrie qui emploie en Europe plus d’un million de personnes, a vu les défaillances d’entreprises augmenter en France de 47,9% au premier trimestre 2025 sur un an, selon de récents chiffres publiés par le cabinet Ellisphere.

Dans l’Hexagone, un cas emblématique est celui du chimiste Vencorex (BLOCS#58), placé en redressement judiciaire en mai dernier, et de son client, Arkema, qui a lancé un plan social dans la foulée.

Ailleurs en Europe, le groupe pétrochimique britannique Ineos a par exemple annoncé la fermeture de son site de Gladbeck en Allemagne, l’un des plus grands producteurs mondiaux de phénol.

Le prix de l’énergie, qui représente jusqu’à 50 % des coûts fixes de ces industries, reste le principal handicap sur le Vieux continent : en Europe, le gaz est environ trois fois plus cher qu’aux États‑Unis.

Si, dans une rare éclaircie, l’indice de confiance du secteur chimique est remonté en Allemagne à +9,5 points en juin — soit son meilleur niveau depuis trois ans et demi — c’est grâce à une bonne nouvelle sur le front de l’énergie : la réduction programmée des taxes sur l’électricité pour les industries énergivores.

La concurrence mondiale accentue encore la pression, avec la surproduction venue de Chine, dont les industriels européens dénoncent les pratiques anticoncurrentielles via des ventes à perte. Une série d'enquêtes antidumping ont été lancées depuis 2020 par la Commission européenne, comme sur l’acide glyoxylique. Dans le cas du dioxyde de titane, par exemple, l’exécutif de l’UE a déjà sévi avec des droits de douanes correctifs en début d’année.

Il faut ajouter à cette conjonction de facteurs défavorables des charges administratives jugées excessives par le secteur. La Commission de Bruxelles finalise dès lors des projets pour tenter de secourir la chimie européenne.

L’industrie fera ainsi l’objet d’un plan d’action, qui devrait être dévoilé la semaine prochaine par l’exécutif de l’UE. Ce programme visera notamment à favoriser la réduction des coûts de l’énergie et l’accès aux financements, mais aussi à diversifier les chaînes d’approvisionnement et à répondre au déficit de compétences.

Une législation dite « omnibus », vouée à réduire la charge administrative spécifiquement sur les entreprises du secteur, sera présentée en parallèle.


Mini-blocs


À la suite de l’administration Trump quelques heures plus tôt, la Chine a dit à son tour vendredi dernier avoir « confirmé les détails » d’un accord commercial avec les Etats-Unis. Si les détails de cet accord sont inconnus, il semble a minima que les deux parties aient confirmé les termes de la détente douanière agréée mi-mai (BLOCS#61). Celle-ci avait mis un terme à l’escalade tarifaire observée depuis début avril. Pour rappel, les droits de douane de 145% infligés par Washington aux produits chinois étaient alors tombés à 30%, quand Pékin avait convenu de ne plus frapper les biens importés des États-Unis de 125%, mais de 10%. Jeudi dernier, la Maison Blanche a aussi fait état d’avancées sur l’accélération des expéditions de terres rares vers les Etats-Unis.

La France espère l’officialisation d’un accord avec la Chine pour mettre fin aux restrictions visant les importations de cognac et autres spiritueux d’ici à ce samedi 5 juillet, a indiqué la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en visite en Chine, le 28 juin. C’est en effet samedi prochain que Pékin doit publier les conclusions de son enquête antidumping qui menace les eaux-de-vie européennes, et qui a déjà donné lieu à des mesures frappant les alcooliers tricolores. Côté français, on espère ainsi la levée des sanctions infligées depuis octobre 2024 par Pékin sur les spiritueux européens, dont la quasi-totalité proviennent de l’Hexagone (principalement le cognac et l’armagnac). Le 18 juin dernier, BLOCS vous expliquait dans le détail les termes du compromis qui semble bel et bien être dans les tuyaux (BLOCS#66).

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait une proposition surprise jeudi dernier à l’issue d’un Sommet européen à Bruxelles. Celle de créer une nouvelle alliance destinée à promouvoir des échanges commerciaux fondés sur des règles claires et prévisibles, entre l'UE et les douze pays du « Partenariat transpacifique global et progressiste » (PTPGP, Canada, Australie, Brunei, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam, et Royaume-Uni). L’Allemande a évoqué l’idée avec les 27 leaders. Dans leur numéro de lundi, nos amis de La Matinale européenne, une newsletter sur l’actualité de l’UE, consacrent une longue analyse à cette éventuelle « coalition des volontaires du libre-échange ». Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a semblé enthousiaste à l’idée de créer ce « mini-OMC ».

La production automobile britannique a chuté de 32,8 % entre avril et mai, enregistrant son plus bas niveau depuis 1949 — hors crise sanitaire —, selon la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT). Ce repli s'explique en premier lieu par l’impact des droits de douane américains, qui a forcé des constructeurs comme Jaguar Land Rover (JLR) et Aston Martin à suspendre leurs livraisons. De fait, les exportations vers les États-Unis, le premier marché à l’export, se sont effondrées de 55,4 % sur un an. La SMMT se veut toutefois optimiste, comptant sur les effets de l’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni récemment entré en vigueur. Celui-ci abaisse les tarifs sur les automobiles britanniques entrant aux Etats-Unis de 27,5 à 10 % - dans la limite de 100.000 véhicules par an. Reste que les tarifs de Trump ne sont pas la seule cause des malheurs de l’automobile britannique. Outre le défi du passage à l'électrique, « les expéditions vers l'UE (l'autre grand marché à l'exportation des constructeurs britanniques) ont baissé de 22,5 % sur un an. Des baisses substantielles ont aussi été constatées à destination de la Chine (-11,5 %) et de la Turquie (-51,0 %) », relève Les Echos.

Les résultats des grands industriels chinois sont en net repli, selon les données publiées vendredi dernier par le Bureau national des statistiques. Sur les cinq premiers mois de 2025, les bénéfices cumulés des principales entreprises industrielles ont ainsi reculé de 1,1 % sur un an. Le secteur automobile est particulièrement touché, avec une chute de 11,9 %. Ces résultats n’ont pas de quoi rassurer sur l’état de la deuxième économie mondiale, qui fait face au spectre de la déflation sur fond de concurrence rude entre des entreprises cherchant à préserver leurs parts de marché. En cause, en particulier, la faiblesse persistante de la demande intérieure depuis la crise immobilière déclenchée à la sortie du Covid. Mais aussi, bien sur, la guerre commerciale avec les Etats-Unis qui a percuté de plein fouet les exportations vers le pays, poussant les industriels chinois à diversifier leurs débouchés en cassant les prix. Sur le front des exportations, les chiffres font d’ailleurs état d’une progression de 4,8 % sur un an, portée par la demande en Asie du Sud-Est et dans l’UE, malgré une chute de 34,5 % des livraisons vers les États-Unis.

La France reste pénalisée à l’export par un déficit de compétitivité-prix, malgré des atouts reconnus en matière de qualité, de design et de notoriété, conclut l’édition 2025 de l’étude sur la compétitivité tricolore dévoilée ce lundi par l’institut Rexecode avec l’école de commerce Skema. Menée auprès de 480 importateurs dans six pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, France, Belgique, Royaume-Uni), cette enquête nous apprend que l’électronique tire son épingle du jeu. Mais que, globalement, les produits industriels français souffrent toujours d’un positionnement délicat sur la scène internationale.

Les industries des cellules et modules solaires, des semi-conducteurs, de l’aluminium, de la construction navale et de l’acier ont le plus profité des subventions publiques versées à travers le monde entre 2005 et 2023, selon une étude de l’OCDE parue le 23 juin. Sur cette période, 2023 est l’année qui a été la plus dispendieuse avec 108 mds de dollars accordés par les Etats à leurs industries que ce soit sous la forme de prêts, de financements en dessous des taux du marché, d’avantages fiscaux, et autres exonérations en faveur des champions nationaux. Sans surprise, la Chine est le pays qui subventionne le plus ses acteurs.






Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel, Clément Solal et Sophie Hus.

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Par Mathieu Solal

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