□ Un succès diplomatique bon marché pour la Chine □ Accord en vue sur le cognac □ Les menaces de l'Iran sur le détroit d'Ormuz □ Trump met (encore) la pression à l'approche du 8 juillet □ L'Europe bientôt inondée de produits chinois ?
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La Chine a annoncé la semaine dernière la suppression des droits de douane sur la quasi-totalité des marchandises en provenance d’Afrique. Si la mesure devrait avoir des effets limités sur le commerce bilatéral, en tout cas à court et moyen terme, elle permet toutefois à Pékin de s’afficher en leader du « Sud global », en opposition à Donald Trump, qui menace le continent avec ses droits de douane dits « réciproques ».
Le discours du ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi au Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), à Changsa, mercredi dernier. © focac.org
EXEMPTION GÉNÉRALISÉE □ Quand l’Amérique de Donald Trump incarne l’Occident, la brutalité des rapports de force et le protectionnisme, la Chine est pour sa part une locomotive du « Sud global », prônant la coopération d’égal à égal et le commerce ouvert.
C’est du moins le message qu’a voulu faire passer Pékin en annonçant, mercredi dernier, la suppression prochaine des droits de douanes sur la quasi-totalité des importations en provenance du continent africain, et en se disant prête à « accueillir des produits africains de qualité sur son marché ».
L’exemption généralisée, dévoilée par le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi au cours d’une réunion interministérielle tenue dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), concernera 53 des économies d’Afrique sur 54 - l’Eswatini (anciennement Swaziland), jugé coupable de continuer à reconnaitre Taïwan, étant le seul État exclu.
Cette exemption, réclamée de longue date par certains dirigeants africains, sera mise en oeuvre dans le contexte d’un nouveau Pacte économique, dont la date d’entrée en application n’est pas encore connue.
Depuis septembre 2024, 33 États africains bénéficient déjà de ce traitement favorable, en tant que pays les « moins avancés » économiquement, sans en avoir retiré de bénéfice évident. Parmi les 20 États supplémentaires intégrant la liste, dont l’essentiel sont à « revenus intermédiaires », certains, comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Kenya, le Nigeria, ou encore l'Égypte comportent une base industrielle plus ou moins solide, et paraissent donc autrement mieux armés pour exporter vers la Chine.
EFFETS LIMITÉS □ Les effets sur les flux commerciaux devraient néanmoins être assez limités, en tout cas à court terme, comme l’explique Aroni Chaudhuri, économiste à la Coface.
« Du côté des matières premières minérales et énergétiques, qui constituent aujourd’hui la majorité des importations de la Chine en Afrique, des régimes tarifaires spécifiques existent déjà, donc cela ne changera pas grand chose », explique ce spécialiste des économies de l’Afrique subaharienne.
« Au-delà, des pays qui ont développé des industries, à l’instar du Maroc et de l’Afrique du Sud, que ce soit dans l’automobile, l’aéronautique, les renouvelables ou le textile, pourraient en effet en bénéficier, admet M. Chaudhuri. Je pense toutefois que l’impact à court, voire à moyen terme, restera assez limité. Les industries chinoises sont souvent bien trop compétitives pour que les concurrents africains rivalisent en Chine, où, de plus, la demande est en panne ».
Il ne faut donc s’attendre de sitôt à un rééquilibrage de la relation commerciale Chine-Afrique, qui après un développement stupéfiant au cours des 20 dernières années, penche très fortement à l’avantage de l’Empire du Milieu.
Ce dernier est certes devenu en 2009 le premier partenaire commercial du continent, et l’est aujourd’hui pour la quasi-totalité de ses pays, avec un volume d’échanges qui a encore augmenté de 4,8% en 2024, pour atteindre 295 milliards de dollars, selon les chiffres publiés par les douanes chinoises.
L’excédent en faveur de la Chine reste massif, de 62 milliards de dollars l’année dernière. De plus, les importations de produits africains, d’une valeur de 116 milliards de dollars en 2024 (contre 178 milliards pour les exportations) sont donc essentiellement constituées de minerais, de pétrole et de gaz.
PORTÉE DIPLOMATIQUE □ Si le geste chinois n’est pas voué à rebattre pas les cartes du commerce bilatéral, il ne faut pas sous-estimer la portée diplomatique de cette annonce, selon Xavier Aurégan, maître de conférences à l’Université catholique de Lille, et spécialiste des relations entre la Chine et l’Afrique.
« Que changera cette exemption de droits de douanes au Mali, au Burkina ou au Niger ? Pas grand chose. La grande majorité des pays d’Afrique Centrale, de l’Est, et les pays pétroliers en tireront des bénéfices marginaux. Cela s’inscrit donc en premier lieu dans un jeu diplomatique : il s’agit de prendre le contre-pied des États-Unis, en montrant que le marché chinois est ouvert », analyse-t-il.
« Or de manière générale, les élites politiques, économiques, ou médiatiques en Afrique se satisfont de ce type d’annonce alors que le continent reste marginalisé dans la mondialisation. La Chine confirme sa capacité discursive à vendre ses mesures, à mettre en avant, voire à enjoliver ce qu’elle fait », poursuit M. Aurégan, auteur de l’ouvrage Chine, puissance africaine. Géopolitique des relations sino-africaines, paru en juin 2024 aux éditions Armand Colin.
Avec ce geste, qui s’ajoute aux nombreux égards symboliques accordés au continent, Pékin s’affiche en principal allié de l’Afrique.
« Aujourd’hui, le message envoyé est limpide - c’est d’ailleurs le même qui est adressé à l’UE : face à Trump, la Chine se tient du côté du libre-échange. Et le coût associé à ce message est minime », résume Aroni Chaudhuri.
UN PIED DE NEZ À TRUMP □ Pékin ne manque pas de souligner le contraste avec l’attitude de Donald Trump, dont le feu d’artifice protectionniste du 2 avril menace les économies africaines (BLOCS#58).
Bien que limités à 10%, au moins jusqu’au 9 juillet, et absents sur les marchandises difficilement remplaçables, telles que le pétrole, le caoutchouc et les minerais critiques, les tarifs américains menacent la croissance africaine, en particulier de par leurs effets indirects (BLOCS#61).
Dans leur déclaration commune, les ministres du Forum sur la coopération sino-africaine ont d’ailleurs ciblé les États-Unis, sans les nommer, critiquant « les efforts de certains pays pour perturber l'ordre économique et commercial international existant ».
La main tendue chinoise pourrait-elle pour autant avoir un impact sur les pourparlers commerciaux en cours entre la Maison Blanche et les pays d’Afrique sur le niveau des droits de douanes américains ?
On sait que Donald Trump cherche dans ces discussions tantôt un alignement politique sur la position américaine face à la Chine, tantôt un accès privilégié aux minerais critiques, indispensables aux industries énergétiques et numériques, et dont le continent africain dispose de 30% des réserves mondiales.
De ce point de vue, la Chine, qui multiplie les investissements, comme par exemple dans des mines de cobalt en RDC, ou dans le lithium au Zimbabwe, semble avoir plus d’une longueur d’avance (BLOCS#65), et le geste consenti la semaine dernière pourrait convaincre les dirigeants africains de ménager les intérêts chinois dans leurs négociations avec Washington.
L’INDUSTRIALISATION ATTENDRA □ L’image de Pékin n’est pas pour autant immaculée. L’empire du milieu, qui a beaucoup dépensé en Afrique via le programme de financement d’infrastructures des « Nouvelles routes de la soie », se voit notamment reprocher par différents dirigeants de ne pas contribuer au développement industriel du continent.
« Que ce soit dans le secteur minier, où elle se concentre sur l’aspect extractif plutôt que de favoriser en Afrique le reste de la chaîne de valeur, ou du côté du financement des infrastructures, dirigés surtout vers le commerce - les ports en particulier- la Chine recherche avant tout son intérêt. Elle n’a pas eu jusqu’ici pour objectif le développement industriel de ces pays », estime Aroni Chaudhuri.
L’exemption de tarifs douaniers annoncée laisse-t-elle augurer un changement d’approche ?
« Dans le discours, oui, la Chine affiche depuis des années la volonté de participer au développement économique de l’Afrique, à son industrialisation. Mais en pratique c’est impossible, compte tenu du niveau d’investissements directs étrangers mobilisé, aujourd’hui beaucoup trop faible, tranche Xavier Aurégan. À certaines échelles, parfois, la Chine peut participer à une forme de semi-industrialisation, avec de premières transformations effectuées sur place. Mais pour aller plus loin, il faudrait que le financement par les acteurs chinois, tant privés qu’étatiques, soit beaucoup plus massif ».
Un changement de braquet qui ne semble pas à l’ordre du jour.
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TCHIN CHINE □ Un accord de principe aurait été trouvé entre Paris et Pékin la semaine dernière sur la commercialisation des spiritueux français en Chine, selon des informations du Figaro confirmées par les représentants du secteur.
En ligne de mire : les sanctions infigées en octobre 2024 par Pékin sur les spiritueux européens, dont la quasi-totalité proviennent de l’Hexagone (principalement du cognac et de l’armagnac).
L’accord en vue permettrait aux entreprises tricolores d’obtenir le remboursement des cautions douanières provisionnées depuis le 11 octobre (BLOCS#56), représentant jusqu’à 39% des prix de vente. Autre bénéfice attendu : une détente du cadre réglementaire appliqué aux alcooliers français.
En contrepartie, ces derniers s’engageraient à fixer des prix minimums à leurs marchandises, avec une augmentation de 12 à 16% par rapport aux prix actuels.
On ne sait pas, à ce stade, si l’accord en gestation concerne la vente en duty free, qui représentait jusqu’à récemment 20 % des ventes des producteurs de cognac en Chine, et demeure interdite depuis le 1ᵉʳ décembre 2024.
Cet accord constituerait ainsi une application du « price undertaking », une possibilité de règlement amiable offerte par les règles de l’OMC, et consistant à consentir à une augmentation de ses prix pour éviter des sanctions commerciales.
L’accord permettrait ainsi de mettre un terme à l’enquête anti-dumping lancée par la Chine, et ce, avant même sa conclusion, prévue le 5 juillet.
Il pourrait aussi préfigurer un règlement similaire sur le conflit autour des voitures électriques chinoises, frappées depuis octobre dernier par des tarifs européens.
Les mesures visant les brandies européens ont en effet été prises en rétorsion de ces sanctions européennes, et, en particulier, de l’activisme de la France sur le sujet.
Des discussions sont en cours entre les négociateurs européens et les constructeurs automobiles chinois sur la question d’un prix minimum à l’importation. Les négociations ont été lancées en avril, comme l’indique Euractiv, mais aucun accord n’est pour le moment sur la table.
L’éclaircie ainsi en passe de se confirmer sur le dossier des spiritueux français provoque déjà le soulagement, alors que les filières des brandies dépendent à 28% du continent asiatique, et que la Chine représente à elle seule 30% des débouchés pour la filière cognac. Cette dernière a connu 25% de chute de ses exportations depuis la fin de l’année 2024.
Le secteur a toutefois d’autres motifs d’inquiétude.
Aux pressions commerciales chinoises s’ajoute en effet les sanctions américaines, qui pourraient encore être décuplées le 9 juillet (voir ci dessous). Les producteurs français font également face à la morosité du marché dans un contexte de baisse constante de la consommation, en France et en Europe.
« Sur les dix dernières années, en Europe, la consommation a chuté de 9%. C’est -16% en France », signale Thomas Gauthier, directeur général de la fédération Française des spiritueux (FFS) auprès de Rayons Boissons, la revue spécialiste du secteur.
Optimiste, Guillaume Girard-Reydet, président de la FFS, a toutefois estimé, lors de la conférence de presse annuelle du secteur tenue le 12 juin, que « ce que nous vivons aujourd’hui est un phénomène ponctuel. L’industrie des spiritueux a déjà connu des vagues dans son histoire. Nous sommes dans un creux actuellement, mais nous ne sommes pas certains que cette tendance s’inscrive sur le long terme ».
ORMUZ DANS LE VISEUR □ La fermeture du détroit d’Ormuz « est à l'étude » et « l'Iran prendra la meilleure décision avec détermination », a affirmé samedi le commandant des Gardiens de la révolution islamique Esmail Kowsari, dans des déclarations à la presse locale reprises par Euronews.
La riposte militaire de l’armée iranienne à l’attaque surprise israélienne de vendredi ne serait ainsi « qu’une partie de la réponse » de Téhéran, selon M. Kowsari, par ailleurs député.
La fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transite environ un cinquième du gaz naturel liquéfié (GNL) et un tiers du pétrole mondial transporté par bateau, pourrait créer un choc pétrolier, avec un prix du baril qui monterait à plus de 100 dollars.
Un tel blocage créerait par ailleurs probablement un conflit régional, dans la mesure où le pétrole qui transite par le détroit est exporté, entre autre, par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, et le gaz par le Qatar.
De son côté, l’Iran pèse moins de 5% de la production mondiale de pétrole et environ 7,5% de la production de gaz, mais réserve l’essentiel de ces ressources à un usage domestique, à cause des sanctions internationales dont il fait l’objet.
« Il est très clair qu'en fonction de l'évolution de la situation, l'économie mondiale peut être impactée, qu'il s'agisse de la production pétrolière ou d'autres sujets, s’est inquiété Emmanuel Macron vendredi soir lors d'une conférence de presse. Compte tenu de l'incapacité de qui que ce soit de se prononcer sur la durée et l'entendue des ripostes, il faut se préparer ».
En dépit des menaces iraniennes et des capacités militaires de Téhéran à organiser un tel blocage, cette hypothèse demeurait néanmoins peu probable en début de semaine, de l’avis des spécialistes cités dans la presse internationale.
Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), résumait bien la pensée générale, dans une interview publiée lundi par Challenges.
« Je ne pense pas que les Iraniens bloqueront le détroit, explique le chercheur. Ils pourraient utiliser cette arme de dernier recours si le régime était aux abois. Aujourd’hui, on n’en est pas là. Le régime des mollahs est gravement affaibli, mais n’est pas menacé en tant que tel. Si les Iraniens décidaient demain de bloquer le détroit, les États-Unis ne l’accepteraient pas. Ce serait du suicide, car cette action bloquerait aussi leurs propres exportations de pétrole. Elle handicaperait la Chine qui ne pourrait plus importer du pétrole venant d’Iran et des pays du Golfe. Or Pékin est avec Moscou l’un des rares soutiens de l’Iran ».
Les marchés pétroliers, qui ont bondi vendredi avant de reculer quelques heures plus tard, ne semblaient pas non plus s’attendre à un blocage du détroit d’Ormuz.
La donne est toutefois peut-être en train de changer, alors que l’escalade se poursuit entre les deux belligérant, qu’au moins une grande réserve de gaz iranienne a été touchée par Israël, que Donald Trump durcit le ton contre Téhéran, et que Benyamin Netanyahou menace nommément le Guide de la révolution iranienne, Ali Khamenei.
De son côté, le quotidien libanais L’Orient-Le Jour anticipe déjà une chute du régime des mollahs.
S’il se poursuit, le conflit pourrait par ailleurs peser sur les échanges des pays voisins et raviver les tensions en Mer Rouge, comme l’indique le Moci.
PRESSION TRUMPIENNE □ À l’approche de la date butoir du 8 juillet, qui marquera la fin de la trêve sur les droits de douane dits « réciproques » - suspendus par Donald Trump le 9 avril pour 90 jours - le président américain accentue la pression sur ses partenaires.
Il a ainsi annoncé mercredi dernier son intention d’envoyer, d’ici la semaine prochaine, des lettres à des dizaines de pays, dans lesquelles il exposera les conditions des futurs accords commerciaux, « à prendre ou à laisser ».
À ce jour, et malgré des discussions en cours, un seul accord a été conclu : celui avec le Royaume-Uni, signé lundi par Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer, en marge du G7.
Ses détails n’ont pas encore été dévoilés, mais il permettrait à Londres d’échapper, au moins en partie, aux droits de douane américains, notamment dans l’automobile et l’aéronautique.
Lors du sommet, réunissant les dirigeants des sept principales économies mondiales, Donald Trump a par ailleurs reproché aux Européens (BLOCS#63) de ne « pas proposer un accord équitable » pour apaiser les tensions commerciales, et menacé l’UE de lui infliger des tarifs de 50% - et non plus 20%, comme prévu dans le paquet de droits de douane dits « réciproques » annoncé le 2 avril.
D'après le quotidien allemand Handelsblatt, l'UE pourrait proposer aux États-Unis d'accepter un tarif douanier généralisé de 10% sur ses exportations si Donald Trump renonce à l'instauration de surtaxes plus élevées sur certains produits. Bruxelles serait également prête à réduire ses droits de douane sur les véhicules américains.
□ Les produits chinois éconduits des États-Unis semblent arriver rapidement en Europe. Sur le Vieux Continent, on observerait ainsi 12% d’importations de produits chinois supplémentaires en mai 2025 par rapport à l’année précédente, la France et l’Allemagne paraissant être les plus touchées par ces réorientations, avec des augmentations respectives de 24% et 21,5% selon La Tribune qui cite les données des douanes chinoises. Le textile, les produits chimiques, métaux de base et produits métalliques, machines, plastiques et minéraux seraient particulièrement concernés. L’UE s’est pourtant dotée le 5 juin d’une Task force de surveillance des importations sur le marché pour anticiper ce phénomène redouté (BLOCS#58) depuis le déclenchement de la guerre commerciale ouverte que se mènent les deux premières puissances mondiales. Les responsables européens ne semblent toutefois pas s’inquiéter outre mesure de ces chiffres chinois, pour l’heure. « La Commission invite les industriels, associations et États membres à partager leurs données sur les tendances d’importation afin d’identifier les produits menacés par une hausse excessive des importations, explique une porte-parole de la Commission interrogée sur le sujet par BLOCS. En cas de risque avéré - constitué par la réunion de cinq critères cumulatifs - elle se réserverait le droit de prendre les mesures nécessaires à la protection de son marché ».
□ L’UE et le Royaume-Uni ont conclu, mercredi dernier, un accord politique visant à garantir la libre circulation des personnes et des biens entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, sans barrière physique. Cinq ans après le Brexit, cet accord est le fruit de longues négociations entre Londres et Madrid. Il prévoit l’intégration de Gibraltar à l’espace Schengen afin d’assurer la fluidité des échanges. L’un des derniers points de friction portait sur le contrôle de la frontière. Aux termes de l’accord, des contrôles conjoints seront mis en place à l’aéroport de Gibraltar pour les arrivées par avion, menés à la fois par des agents britanniques et espagnols. Des dispositions similaires s’appliqueront pour les arrivées maritimes.
□ Dans une étude publiée la semaine dernière, Bpifrance Le Lab analyse la situation complexe dans laquelle se retrouvent les entreprises de taille intermédiaire (ETI). L’étude pointe notamment la faiblesse de la demande, vue par 52% des chefs d’entreprises interrogés comme le frein principal à leur activité. L’instabilité de la situation internationale constitue aussi un motif d’inquiétude important pour, respectivement, 35 % et 39 % des ETI industrielles et de celles fortement internationalisées. Un ralentissement de leur activité à l’export devrait en résulter. « Les ETI internationalisées restent malgré tout plus optimistes que les moins internationalisées sur leurs perspectives d’activité », notent toutefois les auteurs de l’enquête.
□ Les surtaxes douanières imposées par Donald Trump à ses partenaires pèseront sur l’activité économique mondiale, avertit l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport sur les perspectives pour l’an prochain. L’institution se montre pessimiste quant à la croissance, notamment aux États-Unis. L’économie mondiale verrait son rythme de progression réduit de 0,2 point cette année, et de 0,1 point en 2025 par rapport aux prévisions de mars, pour s’établir à 2,9 % sur les deux années - le niveau le plus faible depuis la pandémie de Covid-19. La consommation et l’investissement seraient particulièrement affectés. Aux États-Unis, le PIB ne devrait progresser que de 1,6 % en 2025, contre 2,2 % anticipés au printemps.
Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel, Clément Solal et Sophie Hus.
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