□ Les Européens font le dos rond □ L'accord Bruxelles-Washington plus solide qu'on pouvait le craindre □ La nouvelle taxe portuaire américaine accable le fret maritime □ Suspense sur le règlement anti-déforestation importée □ Bessent met la pression sur la Cour Suprême □ La RDC reprend les exportations de cobalt
BLOCS#76 □ Bonjour, nous sommes le mercredi 1er octobre et voici le soixante-seizième épisode de votre condensé d’actualité utile sur le commerce international. Suivez-nous sur LinkedIn.
Malgré l’inquiétude suscitée dans l’industrie européenne par la réorientation d’une partie des exportations chinoises du marché américain vers le marché européen, les responsables de l’UE ne répondent pas par des mesures fortes. Tentative d’explication.
Chargement d’un porte-conteneurs dans le port en eaux profondes de Shangai Yangshan. © Bert Van Dijk sur Flickr
RÉORIENTATION □ Perturbées par les droits de douane américains, qui s’élèvent aujourd’hui à 30% au minimum, les exportations chinoises se réorientent de plus en plus vers le Vieux Continent.
Les ventes de biens chinois vers l’UE ont ainsi augmenté de 9,2 % sur un an en juillet et de 10,4 % en août, selon les chiffres du commerce extérieur communiqués début septembre par les douanes chinoises. De quoi compenser en partie la baisse des exportations vers les Etats-Unis (− 6,1 % en juillet et − 11,8 % en août).
Cette hausse est confirmée par les données des douanes françaises, selon lesquelles les exportations chinoises vers l’UE ont progressé de 7 % sur un an, au cours du premier semestre 2025.
Beaucoup de secteurs sont touchés par cette augmentation. En France, toujours selon les douanes, les importations depuis la Chine ont grimpé de 125 % pour les produits pharmaceutiques, de 11 % pour les équipements électroniques et les produits manufacturés divers, de 15 % pour les matériels de transport.
L’EXISTENCE D’UN CHOC □ Cet effet indirect de la guerre commerciale sino-américaine avait été anticipé dès le mois d’avril par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait alors annoncé la création d’une « task force » focalisée sur la surveillance des importations (BLOCS#58).
Presque cinq mois plus tard, le groupe de travail est bien opérationnel, et produit des rapports mensuels. Selon le dernier en date, 95 produits différents - sur 9525 produits examinés - subissent un « choc » lié à un détournement des importations.
Pour reconnaître l’existence d’un « choc », la « task force » se fonde sur cinq critères cumulatifs :
(1) une modification des schémas d'importation en 2025, en termes de quantité, par rapport aux schémas établis depuis 2023 ; (2) une augmentation de 5 % des volumes d'importation ; (3) une baisse de 5 % des prix moyens à l'importation ; (4) une valeur hebdomadaire moyenne des importations d'au moins 100 000 euros ; et (5) l'existence d'une production sectorielle dans l'UE.
Des critères pour le moins restrictifs, auxquels répondent donc pas moins de 95 produits différents, relevant de secteurs divers. En tête, on retrouve celui de la chimie (16 produits), suivi par les machines-outils (14) et le textile (12). L’agroalimentaire (9), l’industrie manufacturière (6) ou encore les équipements de transport (6) figurent aussi parmi les secteurs concernés.
LES ALERTES DE L’INDUSTRIE □ Ces statistiques n’ont pour l’heure pas suscité de réaction particulière de la Commission européenne, qui dispose pourtant d’un arsenal fourni - mesures de sauvegarde, anti-dumping ou anti-subventions déloyales.
« Ce groupe de travail a été mis en place en lien étroit avec l’industrie, qui peut réagir à chaque rapport mensuel et apporter des données supplémentaires, explique une fonctionnaire européenne. Pour l’instant, ce processus ne nous a pas amenés à conclure qu’il y avait lieu de réagir - mais nous nous tenons prêts à le faire, le cas échéant ».
Les alertes de l’industrie européenne se sont pourtant multipliées, ces derniers mois.
Mi-septembre, les principaux syndicats patronaux et groupes d’intérêts du secteur textile ont ainsi tiré la sonnette d’alarme face à l’ascension de l’ultra-fast-fashion.
« Ce modèle, porté par les grandes plateformes de commerce électronique non européennes, représentait déjà 4,5 milliards de colis importés dans l’UE en 2024, soit 5 % des ventes de vêtements (dont 20 % des ventes en ligne), et continue de croître à un rythme effréné », écrivent-ils.
Un rythme encore accéléré par la suppression, depuis le 29 août, de l’exemption de droits de douane dont bénéficiaient les petits colis aux États-Unis.
ORDRE DISPERSÉ □ L’UE prévoit bien de faire de même, mais la mesure est contenue dans une imposante réforme du code douanier européen (BLOCS#42), dont la version finale fait actuellement l’objet de négociations interinstitutionnelles entre le Parlement européen et le Conseil - qui représente les 27 États membres.
En clair, la suppression de cette exemption de droits de douane ne sera pas effective avant - au mieux - 2026. Et pour l’heure, les États membres gèrent le problème posé en ordre dispersé, à l’instar de la France, qui a renforcé les contrôles douaniers et lance ce jeudi un « éco-score » textile.
Autre exemple : le secteur de l’acier, dont la production en Europe a baissé d’environ 20 % depuis 2020 quand les importations d’acier chinois grimpaient dans le même temps de près de 15 %, désormais frappé par des droits de douane américains de 50%, et qui ne cesse de crier sa détresse.
En face, la Commission a pris du retard sur ses travaux, car elle hésite toujours sur le type d'outil qu'elle utilisera pour remplacer la sauvegarde actuelle, qui expire en juin 2026.
Elle devrait néanmoins dévoiler des mesures fortes mi-octobre… lesquelles devront ensuite être examinées par le Parlement et le Conseil avant d’entrer en vigueur.
RÉSULTAT PROBANT □ Cette difficulté manifeste à opposer des mesures fortes contre la concurrence chinoise dopée aux subventions paraît d’autant plus difficile à comprendre au vu du résultat probant des droits compensateurs sur les véhicules électriques à batterie chinois, appliqués depuis fin octobre 2024.
Selon les chiffres rendus publics par la Commission la semaine dernière, en effet, les ventes de ces mêmes produits par les fabricants européens ont augmenté de 28% et la production de 19% sur cette période. Les importations de véhicules électriques à batterie de Chine ont chuté de 20,25% depuis la fin de l'année dernière.
Des chiffres qui, même s’ils sont contrebalancés par la nette augmentation des importations de voitures hybrides chinoises, non touchées par les mesures européennes, témoignent de la pertinence des mesures de rétorsion.
« La Chine est déjà en train de passer à la seconde étape, en construisant des usines en Hongrie, dont rien n’indique qu’elles emploieront des travailleurs hongrois, note toutefois Sacha Courtial, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors, spécialiste des relations UE-Chine. La Commission doit donc anticiper - que faire quand ces usines fonctionneront ? On pourrait par exemple imaginer des mesures conditionnant le retrait des mesures anti-subsides à la création d’emplois en Europe, voire à la mise en place de joint-ventures dominées par les entreprises européennes, comme l’a fait la Chine avec nous dans les années 1990 ».
CONTREPIED □ Sur la question plus générale de la réponse à opposer à l’augmentation des importations chinoises, le chercheur prend à contrepied l’inquiétude ambiante.
« Les importations augmentent depuis longtemps, explique-t-il. La question n’est pas tellement de savoir si des produits “Made in China” vont continuer d’arriver en Europe, mais lesquels. Comment l’UE peut-elle continuer de produire des objets à haute valeur ajoutée et ne pas dépendre de la Chine sur des produits critiques ? C’est le vrai sujet. Le reste, c’est le jeu du commerce international ».
« Il y a 10 ans, par exemple, on a laissé mourir notre industrie des panneaux solaires, ce qui a été à l’époque considéré comme une terrible erreur, illustre Sacha Courtial. On peut effectivement le regretter, mais aussi voir que les bas prix des des panneaux solaires chinois a permis l'augmentation de l'achat de panneaux par les citoyens européens. Au final, Il y a eu beaucoup plus d'emplois créés dans l'installation et la maintenance de panneaux solaires que d'emplois perdus dans la fabrication ».
Il se méfie aussi des procès faciles faits à la Commission européenne. « Ce que peut faire l’UE, c’est avant tout ce que lui laissent faire ses États membres, qui restent divisés face à la Chine, et ce que lui permet de faire sa législation », explique-t-il.
De fait, si la France est offensive, l’Allemagne et l’Espagne sont plus mesurées, quand la Grèce, la Hongrie ou encore la Slovaquie sont proches de la Chine et œuvrent en coulisse à modérer la réponse européenne à sa concurrence subventionnée.
ACCORD CRITIQUÉ … MAIS ACCORD RESPECTÉ □ L’accord conclu le 12 août dernier entre Bruxelles et Washington, et prévoyant d’abaisser les droits de douane américains à 15 % sur la plupart des exportations européennes avait-il une quelconque valeur ?
Ces dernières semaines, le doute commençait à croître jusque dans les rangs de la Commission européenne, à mesure que l’administration Trump tardait à respecter sa part du marché. Puis, un premier gros motif de soulagement est intervenu jeudi dernier avec la mise en place de la baisse des tarifs sur les véhicules venus de l’UE de 27,5% à 15%.
Une bonne nouvelle, notamment pour les constructeurs allemands comme Porsche ou Mercedes, dont le cours en bourse a augmenté, suite à cette annonce qui se faisait attendre depuis près de deux mois.
D’autant que la mesure s’est appliquée rétroactivement, à compter du 1er août ; comme convenu, les importateurs seront ainsi remboursés des droits supérieurs à 15 % payés depuis cette date.
La publication de jeudi au « Federal Register » américain a, en parallèle, confirmé pour plusieurs secteurs une exemption de droits de douane additionnels, comme l’explique Les Échos. L’aéronautique et ses pièces détachées, les médicaments génériques et les ingrédients pharmaceutiques, ainsi que certaines matières premières sont concernés, et bénéficieront de droits de douane très bas.
Un autre soulagement, et une nouvelle confirmation que Washington semble prendre ses engagements vis-à-vis de l’Europe au sérieux — bien que ceux-ci demeurent fragiles (BLOCS#72) — ont suivi vendredi. Tard jeudi soir, Donald Trump avait en effet annoncé via son réseau Truth des tarifs douaniers de 100 % sur les importations pharmaceutiques (les médicaments génériques exceptés) ... Sans préciser quels pays y échapperaient, ou non.
Après quelques heures de flottement, la Commission européenne a, là aussi, finalement reçu l’assurance que les produits européens ne seraient frappés qu’à hauteur de 15 %. « Le nouveau tarif pourrait avoir un impact minimal sur les grands groupes pharmaceutiques européens et américains », estime l’agence Morningstar dans une note citée par le Financial Times.
Si l’UE récolte ainsi les fruits de l’accord du 12 août dernier, elle s’efforce en parallèle d’obtenir une exemption pour ses vins et spiritueux, un secteur très important pour la France et l’Italie, mais qui ne faisait pas partie du compromis. La Commission essaie en outre de négocier avec Washington un système de quotas libres de droits pour l’acier et l’aluminium, taxés à 50 % à l’heure actuelle, l’industrie sidérurgique se trouvant en grosse difficulté en Europe (BLOCS#71).
L’UE s’était, pour sa part, engagée à baisser à zéro les droits de douane européens sur les produits industriels américains. La Commission européenne en a initié la mise en œuvre via un règlement proposé le 28 août dernier.
Ce texte doit à présent être adopté au Conseil de l’UE — qui réunit les 27 États membres — et au Parlement européen. Les colégislateurs ne semblent pas vouloir se hâter, et réfléchissent à un système rendant ces concessions réversibles, dans le cas où Washington reviendrait sur ses propres engagements.
TRUMP FAIT TANGUER LE FRET MARITIME □ Faire renaître une industrie navale aux États-Unis. Telle est la haute ambition de Donald Trump avec son projet de taxe portuaire à l’encontre des bateaux “made in China”, qui entrera en vigueur dans deux semaines.
À partir du 14 octobre, les bateaux construits en Chine auront à s’acquitter d’un montant de 18 dollars par tonne transportée ou bien de 120 dollars par conteneur déchargé, dès lors qu’ils accosteront dans des ports américains – des tarifs voués à augmenter sur une période de trois ans. Un porte-conteneurs de taille moyenne peut ainsi s’attendre à payer plus de 680 000 dollars par escale, selon les estimations des Nations unies.
L’idée est de bousculer la domination de la Chine, le plus grand constructeur de navires au monde, et qui représente environ un tiers de la flotte commerciale mondiale en tonnage.
Le montant de la taxe sera dès lors plus élevé lorsque le navire aura non seulement été produit en Chine, mais qu’il sera aussi opéré par un armateur de l’Empire du milieu. Le géant chinois COSCO Shipping devrait ainsi être le plus exposé, avec une facture globale à régler d’environ 1,5 milliards de dollars en 2026, d’après des estimations de HSBC, citées par Reuters.
Le plan trumpien est en outre assorti d’incitations en faveur de la production américaine : les taxes pourront être annulées ou remboursées si l’armateur commande un bateau construit aux États-Unis dans un délai de trois ans.
Une loi bipartisane en discussion au Congrès américain (la loi « SHIPS » pour « Shipbuilding and Harbor Infrastructure for Prosperity and Security »), et poussée par les syndicats industriels, prévoit d’ailleurs de réinvestir les recettes dans des projets d’infrastructures maritimes, notamment des chantiers navals.
Reste que les experts doutent fort que ces efforts soient suffisants pour faire renaître cette industrie sur le sol américain à court ou même à moyen terme (BLOCS#59). Au vu des diverses exemptions accordées pour les plus petits navires, ou encore pour les trajets courts, seules 4% des escales aux États-Unis pourraient en réalité être concernées par la taxe, selon des analyses de Goldman Sachs reprises par le Financial Times.
Et pour cause : les premières moutures du projet avaient été vivement contestées par l’industrie du transport maritime, notamment par le secteur agricole américain exportant en Chine.
En outre, l’industrie du Japon – qui déploie un fonds de 7 milliards de dollars pour moderniser et agrandir ses chantiers navals – et plus encore celle de la Corée du Sud paraissent autrement mieux placées que les États-Unis pour bénéficier du coup infligé à la Chine.
En tout état de cause, cette taxe portuaire ajoute, avec les tarifs douaniers américains, au climat d’incertitude qui règne au sein du commerce maritime, comme le relève la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (la Cnuced) dans son « Étude sur les transports maritimes 2025 ».
« Le transport maritime mondial, qui assure plus de 80 % du commerce mondial, est soumis à une pression immense, confronté à une croissance fragile, à des coûts en hausse et à une incertitude croissante », est-il expliqué dans ce rapport paru le 24 septembre dernier.
□ « Nous devons travailler ensemble et trouver la meilleure voie à suivre, en évitant, dans la mesure du possible, de rouvrir le règlement [anti-déforestation importée] et en recherchant des alternatives », a affirmé lundi, en conférence de presse, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la transition propre, Teresa Ribera. Une déclaration qui sonne comme un désaveu pour sa collègue, la commissaire à l’Environnement Jessika Roswall, qui avait expliqué la semaine dernière (BLOCS#75), à la surprise générale, que la Commission envisageait de reporter d’un an la mise en oeuvre de ce règlement très critiqué par certains partenaires commerciaux de l’UE, dont le Brésil, l’Inde, l’Indonésie ou les États-Unis. Une possibilité de report qu’elle justifiait par des « problèmes techniques » dans la mise en place du système de contrôle… tout en évoquant la possibilité de rouvrir le texte au fond pour le simplifier. « C’est bien si nous pouvons atteindre les mêmes objectifs de manière simple, mais il vaut mieux commencer par s’assurer que les objectifs sont atteints », lui a vertement rétorqué Mme Ribera lundi. L’Espagnole n’a toutefois pas tout à fait fermé la porte à un report, expliquant : « Nous sommes en plein travail au sein de la Commission et nous cherchons à recueillir l’avis des différents représentants des autres institutions concernées ». Déjà reporté une fois, le règlement entrera-t-il en vigueur le 31 décembre comme prévu ? Le suspense reste entier.
□ Dans le cadre d’un entretien accordé à la chaine télévisée NBC le 7 septembre, Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, a alerté sur le risque financier d’un désaveu des droits de douanes dits « réciproques » par la Cour suprême. Pour rappel, ces tarifs adoptés sur la base de l’International Economic Emergency Powers Act (IEEPA) avaient été invalidés par une décision de la Cour de commerce internationale, confirmée en appel fin août 2025. La plus haute juridiction des États-Unis devrait se prononcer sur leur légalité d’ici la fin de l’année (BLOCS#73). Une confirmation de la décision d’appel serait « terrible pour le Trésor » et créerait « d’importantes perturbations », a estimé Scott Bessent, alors que l’administration américaine estime que les remboursements des tarifs perçus sur la base de l’IEEPA pourraient atteindre 1000 milliards de dollars. Les commentaires de M. Bessent illustrent bien la pression mise par l’administration américaine sur les juges de la Cour Suprême, pourtant majoritairement acquis à sa cause. Dans un commentaire écrit mercredi 24 septembre pour le RUSI, groupe de réflexion spécialiste des relations internationales, Samarth Gupta souligne le choix cornélien qui s’impose aux juges, entre l’instabilité de court-terme d’un revers porté à la politique commerciale de Donald Trump, et l’impératif de préserver l’équilibre des pouvoirs constitutionnels. Les effets d’une décision défavorable à la politique menée par la Maison Blanche demeurent incertains. Comme le soulignent des experts cités par l’hebdomadaire Time, les remboursements pourraient être limités aux seules sociétés qui se sont directement pourvues en justice. Sam Lowe, associé au sein du cabinet de conseil Flint, rappelle pour sa part que le Président américain dispose d’autres bases juridiques auxquelles il pourrait recourir pour continuer à imposer ces mesures contestées. Les tarifs sectoriels sur l’acier, l’automobile, ou encore les médicaments ne sont, quant à eux, pas concernés.
□ La République Démocratique du Congo (RDC) a annoncé, dimanche 21 septembre, qu'elle reprendrait dès début octobre ses exportations de cobalt, tout en les soumettant à des quotas. Premier producteur mondial de ce minerai critique, la RDC avait imposé un moratoire total sur ses ventes en février dernier afin de stabiliser les cours internationaux, qui étaient tombés à un niveau historiquement bas. Désormais, le système de quotas mis en place limitera les exportations à 96 600 tonnes par an sur les deux années à venir, correspondant à moins de la moitié de la production annuelle de cette matière première dans le pays selon Darton Commodities, cité par Le Monde. Les entreprises minières, et notamment la chinoise CMOC, craignent des lourdeurs administratives dans la mise en place et l’attribution des contingents, dont les modalités demeurent floues. Elles s’interrogent également sur la concurrence des mines artisanales, qui ne devraient pas être concernées par ces nouvelles mesures restrictives.
□ La Commission européenne a annoncé, le 26 septembre, imposer des mesures anti-dumping aux importations de certains produits plats laminés à chaud en fer, en aciers non alliés ou autres alliés en provenance d’Égypte, du Japon et du Vietnam. Ces biens seront respectivement taxés à hauteur de 11,7% ; 6,9 à 30% ; 12,1%, à la suite des conclusions d’une enquête initiée au mois d’avril 2024. Ces nouveaux droits seront dus pendant une durée de cinq ans. Une enquête similaire, qui visait les importations indiennes, n’a pas donné lieu à de nouvelles sanctions.
□ Dans son rapport intérimaire sur l’économie mondiale de septembre 2025, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne la résilience du marché mondial face au chamboulement tarifaire provoqué par Donald Trump. Les bons chiffres relevés ont notamment été permis par l’envoi massif de produits vers les États-Unis en amont de l’application des tarifs trumpiens. Les droits de douanes américains atteignent désormais un taux mondial moyen de 19,5% contre 2,3% avant l’arrivée du locataire actuel de la Maison-Blanche. Toutefois, l’institution signale que l’effet des droits de douanes n’est pas encore pleinement ressenti et que la croissance du PIB mondial qui attendra 3,2% en 2025, devrait se contracter dans les prochaines années et chuter à 2,9% dès 2026. L’OCDE appelle ainsi à des collaborations bilatérales renforcées pour assurer une visibilité accrue aux entreprises et invite les banques centrales à la vigilance pour réagir rapidement aux chocs conjoncturels que les droits de douanes sont en passe de créer.
□ Europe Jacques Delors, l’antenne Bruxelloise de l’Institut basé à Paris, co-signe, aux côtés d’autres groupes de réflexion européens tels que E3G et le New Climate Institute, une note d’orientation politique soutenant la nouvelle génération de partenariats de l’UE pour des échanges et des investissements propres. S’inscrivant dans la dimension extérieure du Pacte pour l’industrie propre, ces instruments visent à compléter les accords de libre-échange existants en faisant émerger de nouvelles formes de coopération flexibles et ciblées sur certains secteurs stratégiques, à l’instar des minerais critiques ou des énergies renouvelables. La note s’intéresse notamment à la façon dont ces partenariats peuvent participer à la diversification des chaînes de valeur (BLOCS#75) et soutenir l’investissement dans les technologies et les industries vertes, en s’appuyant sur le projet pilote avec l’Afrique du Sud, lancé en mars 2025. Ce nouvel outil devrait permettre de générer un climat de confiance incitatif pour les investisseurs et de structurer davantage la diplomatie économique et climatique de l’UE, en proposant une approche cohérente entre les différents acteurs impliqués (finance, environnement, commerce, énergie, développement, etc), espèrent les auteurs.
Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel, Justine Duval, Clément Solal et Sophie Hus-Solal.
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