□ Une idée forte de la présidence danoise □ Le détricotage du devoir de vigilance des multinationales □ Les droits de douane sur le bois de Trump □ Pessimisme autour des négociations UE-Inde □ Stellantis investit en masse aux États-Unis □ Les petits colis taxés en ordre dispersé
BLOCSPRO#1 □ Bonjour, nous sommes le vendredi 17 octobre et voici le numéro un de votre condensé d’informations stratégiques sur le commerce international. Une question ou un commentaire sur ce nouveau format ? Une information dont vous voudriez nous faire part ? Écrivez-nous à l’adresse blocsnewsletter@gmail.com
STARTING-BLOCS □ Chère lectrice, cher lecteur, bienvenue dans BLOCS PRO, votre condensé d’informations stratégiques sur le commerce international.
Centrée sur l’actualité européenne, cette nouvelle publication a pour ambition de vous donner, chaque semaine, une vision complète de l’actualité du commerce international, et de vous permettre de saisir ses tendances, pour mieux anticiper ses impacts.
Elle s’adresse ainsi à tous les professionnels dont l’activité dépend de l’évolution des affaires commerciales, qu’ils viennent du secteur industriel, de la sphère publique, de la recherche, des médias, du monde des consultants, de celui des avocats, ou de la finance.
Vous pouvez déjà vous y abonner, pour un prix de lancement de 19 euros par mois ou 190 euros par an en suivant le lien suivant :
SUR LES NERFS □ Cette aventure éditoriale a commencé sur les chapeaux de roue, avec une semaine marquée par la nervosité européenne face au retour des tensions entre la Chine et les États-Unis… Au programme de ce premier numéro :
Craignant de faire les frais du resserrement du contrôle chinois sur les terres rares, l’UE pourrait bientôt être prête à contraindre les entreprises chinoises investissant en Europe, à en croire le ministre des Affaires étrangères du Danemark, qui occupe la présidence tournante du Conseil. Une idée forte, qui appliquerait une forme de « réciprocité historique » à la Chine, selon l’expression du chercheur Sacha Courtial, de l’Institut Jacques Delors. Pékin a en effet appliqué pendant des années des transferts de technologie forcés aux entreprises européennes voulant investir sur son sol. Retrouvez notre analyse au début de la section Blocs-notes.
À ne pas manquer : la première contribution de l’équipe d’économiste de notre partenaire, Coface, avec cette semaine, un brief inédit signé Eve Barré et consacré aux répercussions à attendre des nouveaux droits de douane américain sur le bois. Jetez-donc un oeil à notre rubrique L’œil de Coface, un peu plus bas.
Nous évoquons aussi le pessimisme qui entoure les négociations commerciales avec l’Inde, censées être bouclées d’ici la fin de l’année. Pour en savoir plus, rendez-vous dans nos Indiscrétions Bruxelloises.
Et ce n’est pas tout : pour vous permettre de faire le tour de l’actualité commerciale européenne de la semaine, cette édition couvre une vingtaine de sujets dans cinq rubriques différentes. C’est dire s’il vous reste des choses à découvrir.
Bonne lecture,
Mathieu Solal, rédacteur en chef de BLOCS PRO
PÉKIN DANS LE VISEUR DANOIS □ « Je crois que nous devons trouver des manières d'avoir une attitude plus ferme envers la Chine », a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, qui présidait la réunion des ministres du commerce des pays de l'UE, organisée mardi à Horsens (Danemark).
Cause du courroux du Danois : l’attitude du pays dirigé par Xi Jinping, qui a annoncé la semaine dernière un resserrement de son contrôle sur ses exportations de terres rares à compter du 1e novembre (BLOCS#78), lequel laisserait craindre de graves répercussions pour l’industrie européenne, en particulier automobile.
Alors que le taux de réponses positives aux demandes européennes en terres rares ne dépassent pas 50% selon les chiffres de la Commission, l’extension significative des contrôles annoncée par Pékin pourrait en effet provoquer des interruptions d’usines.
Appelant à « adopter une attitude plus réaliste », le représentant de la présidence danoise du Conseil a lâché : « Si nous recevons des investissements chinois en Europe, cela doit être assorti d'un transfert de technologie. Je ne pense pas que nous ayons terminé cette discussion, mais nous nous trouvons dans une situation inédite ».
Imposer des transferts de technologie à la Chine : l’idée est déjà en vogue depuis un moment, selon Sacha Courtial, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors.
« C’est la formulation au plus haut niveau d’une idée qu’on entend depuis plusieurs mois au niveau des think tanks, explique ce spécialiste des relations UE-Chine. En résumé, la Chine a besoin d’accéder au marché européen, et nous avons besoin de ses technologies. La contraindre à nous les transférer aurait donc du sens ».
« D’autant plus, poursuit-il, que ce serait l’application d’une forme de réciprocité historique : pendant des décennies, les Chinois ont eux-mêmes conditionné l’accès à leur marché à des transferts de technologie, à la création de coentreprises sino-européennes dont ils détenaient 51 %, et à la génération d’emplois sur leur territoire ».
Les travaux paraissent aussi en cours au niveau de la Commission européenne. « Nous portons auprès des États membres l’introduction de conditionnalités pour les investissements directs étrangers, dont pourraient faire partie des transferts de technologie », explique ainsi une source du cabinet du vice-président exécutif de l’institution, chargé de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné.
Une telle mesure pourrait être incluse dans la proposition de « loi d’accélération industrielle » que présentera le Français au mois de décembre, et dans laquelle il semble placer de sérieuses ambitions.
Reste à savoir s’il parviendra à convaincre ses collègues d’emprunter une telle voie. Et, surtout, si les États membres et, en particulier, les pays proches des positions chinoises comme la Hongrie, la Slovaquie, la Grèce ou encore l’Espagne, l’entendront de cette oreille…
M. Séjourné pourrait toutefois probablement compter sur les Pays-Bas, qui ont annoncé mardi reprendre, au nom de la « sécurité nationale » le contrôle de l’entreprise Nexperia, spécialiste des semis conducteurs, qui était sous contrôle chinois depuis 2018.
La suite des évènements dépendra sans doute beaucoup de la mise en oeuvre des nouvelles mesures chinoises sur les terres rares, qui doivent prendre effet le 1er novembre. Et pourraient être modifiées voire annulées en cas d’accord avec Donald Trump, lors d’une rencontre prévue fin octobre.
Pour l’heure, c’est toutefois plutôt l’escalade verbale qui domine. Mercredi, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a ainsi appelé le monde à faire front commun contre les restrictions mises en place par Pékin sur les exportations de terres rares, essentielles à l'économie mondiale.
« Nous n’allons pas laisser un groupe de bureaucrates à Pékin tenter de contrôler les chaînes de production mondiales », a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse.
DÉTRICOTAGE EN RÈGLE □ La commission des affaires juridiques (JURI) du Parlement européen a adopté, lundi, sa position de négociation sur la simplification des directives sur le reporting extra-financier des entreprises (CSRD) et sur le devoir de vigilance des multinationales (CSDDD).
Dans un cas comme dans l’autre, les eurodéputés souhaitent aller plus loin encore que la Commission européenne dans le détricotage de ces deux textes emblématiques du Pacte vert.
Pour ce qui concerne la directive sur le reporting extra-financier, partiellement mise en oeuvre - et non sans difficulté - depuis janvier 2024, les eurodéputés souhaitent restreindre encore son champ d’application aux seules entreprises de plus de 1000 salariés et affichant un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros.
Sur le reste, la position adoptée lundi suit globalement celle de l’exécutif européen, et notamment concernant la réduction des normes européennes de reporting durable des entreprises (ESRS).
Sur le front du devoir de vigilance, la commission JURI entend par ailleurs abandonner le régime de responsabilité civile harmonisé au niveau européen, et augmenter le seuil d’application de cette dernière aux entreprises de 5000 salariés et 1,5 milliards d’euros de chiffre d'affaires.
Adoptée l’année dernière, cette directive qui divise, tant au sein du secteur privé que parmi les décideurs européens, vise à contraindre les grandes entreprises à combattre les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leurs chaînes de valeur internationales (BLOCS#46).
Aux termes du compromis voté par les eurodéputés, cette ambition paraît nettement revue à la baisse.
À l’issue du vote, l’eurodéputé centriste Pascal Canfin a toutefois tenté de voir le verre à moitié plein, à l’issue de ce vote, estimant que les fondamentaux du texte avaient été préservés. Il a notamment insisté sur sa vocation extraterritoriale, qui pourrait permettre « de sanctionner Shein », en cas de non-respect des obligations de droits humains.
La séquence parlementaire n’en apparaît pas moins comme une parfaite illustration des dynamiques politiques du moment.
Sur le plan interne, la position adoptée démontre ainsi l’influence retrouvée des syndicats patronaux aux dépens des ONG environnementales et, indirectement, la puissance politique de l’extrême-droite au Parlement.
Le rapporteur sur ce texte, le conservateur suédois Jörgen Warborn, a en effet menacé explicitement d’aller chercher une majorité à sa droite, pour mieux contraindre les députés de Renew (centriste) et du S&D (sociaux-démocrates) d’accepter ses amendements de détricotage.
Sur le plan externe, la séquence illustre aussi la capacité de nuisance de l’administration Trump vis-à-vis des législations environnementales mondiales (BLOCS#77).
Dans la déclaration commune de Turnberry au mois de juillet, l’UE s’était en effet engagée à « s'efforcer de s'assurer que la CSDDD et la CSRD ne posent pas de restrictions indues au commerce transatlantique ». Et même si le rapporteur suédois nie toute influence étrangère dans les amendements pris, il est difficile de ne pas voir dans le résultat des négociations le résultat de la pression de Washington.
La semaine dernière, le gouvernement américain a en effet menacé la Commission de remettre dénoncer le deal signé en Ecosse, si ses entreprises n’étaient pas exemptées de l’application de ces directives et, en particulier, de l’obligation de mettre en place des plans de transition climatique.
Et si cette dernière a survécu au vote en commission JURI, elle a été vidée d’une bonne partie de sa substance et pourrait bien disparaître lors du vote de la position finale du Parlement en plénière, ou au cours des négociations avec le Conseil - l’institution qui représente les 27 États membres et dont la position va encore plus loin dans le détricotage.
Le compromis final pourrait intervenir avant la fin de l’année.
Une semaine sur deux, découvrez l’analyse inédite d’un ou d’une membre de l’équipe d’économistes de Coface, acteur de référence de la gestion du risque de crédit commercial au niveau mondial depuis près de 80 ans.
Droits de douane sur le bois : Trump hausse le ton mais peu d’effet sur les partenaires commerciaux sont à prévoir
Après les produits pharmaceutiques, c’est au tour du bois de faire les frais de l’offensive tarifaire américaine.
Annoncés le 29 septembre, des tarifs de 10% sur le bois résineux — sous forme brute et de bois d’œuvre — ainsi que de 25% sur certains meubles en bois, notamment de cuisine, salle de bains et les meubles en bois rembourrés sont appliqués depuis le 14 octobre.
Les tarifs sur les meubles de cuisine et de salle de bain seront relevés à partir du 1er janvier 2026.
Les pays ayant récemment signé des accords commerciaux avec les États-Unis - l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon - ne sont pas logés à la même enseigne. Pour eux, le taux appliqué sera le plus faible entre les nouveaux tarifs sectoriels et celui négocié dans le cadre de l’accord.
À titre d’exemple, l’UE, qui représente 16 % des importations américaines de bois brut et d’œuvre et 8 % des meubles en bois, bénéficiera d’un taux maximal de 15 % sur ces produits.
Quant au Mexique et au Canada, leur accord de libre-échange avec Washington (ACEUM) permet d’exonérer une partie de leurs exportations vers les États-Unis de tout droit de douane.
A l’instar des produits pharmaceutiques et autres produits visés par des mesures sectorielles ciblées, le bois résineux suscite une attention particulière de la part de l’administration américaine, en raison de la forte dépendance du pays aux importations.
En 2024, les États-Unis ont en effet importé quatre fois plus de bois d’œuvre résineux qu’ils n’en ont exporté.
Cette attention n’est pas nouvelle. Utilisé massivement dans la construction, le bois tendre est au centre d’un différend commercial de longue date entre Washington et Ottawa.
Depuis le début des années 1980, les États-Unis dénoncent les droits de coupe accordés aux entreprises forestières canadiennes, estimés trop faibles et susceptibles de fausser la concurrence, au détriment de l’industrie américaine. Ce litige a conduit à l’imposition de droits compensateurs et antidumping, relevés de 14,4% à 35,2% cet été.
Pour autant, cet ensemble de taxes sur le bois, qu’elles soient ciblées sur un partenaire commercial ou non, ne devrait pas bouleverser l’approvisionnement américain en bois résineux.
En effet, il est peu probable que les entreprises américaines se détournent des importations au bénéfice des scieries locales tant l’écart de prix reste dissuasif. En 2024, le bois américain était environ trois fois plus cher que le bois importé, selon les prix d’exportation utilisés comme indicateur des prix domestiques.
Même au sein des sources d’importation, peu de changements sont à prévoir. Fournissant plus de 70% des importations des États-Unis en bois brut et bois d’œuvre, le Canada est en première ligne face à ces tarifs sur le bois tendre.
D’autant que les tarifs de 10% viennent s’ajouter auxdits droits compensateurs et anti-dumping. Mais l’impact sur le Canada est à nuancer. D’abord, une large part des exportations de bois canadiennes reste exemptée du tarif de 10 % grâce à l’ACEUM, du moins jusqu’à sa renégociation prévue en 2026.
Par ailleurs, malgré la hausse des autres taxes appliquées sur le bois d’œuvre tendre canadien, celui-ci conserve un net avantage : en 2024, son prix d’importation sur le marché américain était environ 50 % inférieur à ceux du bois en provenance de l’Union européenne.
L’augmentation des droits ne suffira donc pas à effacer l’avantage concurrentiel du Canada. En revanche, les meubles en bois, majoritairement importés du Vietnam et du Mexique, devraient être plus durement touchés. Leur niveau de transformation complique le respect des critères de l’ACEUM, les exposant aux tarifs.
Par conséquent, les droits de douane ne devraient pas suffire à stimuler la production atone des scieries américaines. Ils pourraient néanmoins exercer une pression haussière sur les prix du bois sur le marché américain.
Hausse qui, si elle n’est pas absorbée par les exportateurs, risque d’être répercutée sur les industriels ou les consommateurs américains.
Eve Barré, économiste chez Coface
UE-INDE □ Un certain pessimisme règne à Bruxelles, quant à la possibilité de remplir l’objectif de conclure un accord de libre-échange avec l’Inde d’ici la fin de l’année (BLOCS#77). La semaine dernière, les différents interlocuteurs de BLOCS ont tous fait état de la difficulté des négociations et du manque de réalisme de cet objectif temporel, fixé de manière inattendue en février dernier par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre indien, Narendra Modī. Dans les esprits, la petite phrase de l’habituellement très optimiste commissaire au Commerce, Maroš Šefčovič, prononcée en conférence de presse mi-septembre. « Comme vous le savez, je me suis rendu en Inde la semaine dernière – ma troisième visite cette année – afin de faire avancer les négociations, qui en sont maintenant à 13 cycles. Je dois admettre, cependant, que j’aurais espéré davantage de progrès […] », avait alors lâché le Slovaque. Le 14e cycle, qui s’est conclu la semaine dernière, a permis de marquer « quelques progrès », selon la Commission. Aucun autre round de négociation n’est prévu pour le moment.
ACIER □ Les mesures protectionnistes sur l’acier proposées au début du mois par la Commission (BLOCS#77) créent un certain émoi parmi les partisans du libre-échange (BLOCS#78). L’exécutif européen, peu porté sur le protectionnisme d’habitude, a pourtant réussi à franchir l’étape sans problème, selon un de ses fonctionnaires, qui explique : « Au vu de l'urgence de la situation sur l'acier, le vice-président Séjourné a proposé au commissaire en charge du Commerce Šefčovič de se mettre d'accord ensemble sur les mesures avant d'aller voir la Présidente. L'objectif était d'éviter les tensions traditionnelles entre leurs administrations et de laisser un dilemme perdant pour Ursula von der Leyen ». M. Séjourné, franc partisan d’une ligne défensive sur le plan commercial, aurait ainsi réussi à convaincre le Slovaque de s’aligner sur sa position, afin d’éviter une guéguerre entre la Direction générale du Commerce, très pro libre-échange, et celle du Marché intérieur et de l’Industrie (dite DG Grow), bien plus interventionniste. Le commissaire Šefčovič, qui a entamé son cinquième mandat au sein de l’institution bruxelloise, et était parvenu jusque-là à imposer ses vues sur le plan commercial en dépit de la supériorité hiérarchique formelle du français, semble en tout cas convaincu par l’idée de mettre en place des mesures « similaires à celles des États-Unis », qu’il appelle maintenant à la table des négociations.
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AUTO □ Mardi dernier, le groupe automobile Stellantis a annoncé un investissement record de 13 milliards de dollars sur le sol américain sur les quatre prochaines années, dans un communiqué de presse publié sur le site de l’entreprise. Le constructeur souhaite, par ce qu’il qualifie de « plus gros investissement en 100 ans d’histoire », doubler sa production outre-Atlantique. Ces annonces devraient permettre au conglomérat de protéger une partie de sa production des droits de douanes de 25% qui touchent le secteur automobile depuis le mois d’avril 2025 (BLOCS#56). La nouvelle intervient alors que l’italo-franco-américain a enregistré son plus bas niveau historique de ventes en Europe au mois de septembre 2025. La maison aux grands labels tels qu'Opel, Citroën, Fiat ou Jeep est passée sous la barre des 15% de parts de marché sur le Vieux Continent. La nouvelle a par ailleurs suscité l’ire du gouvernement canadien qui a aussitôt menacé le groupe de poursuites judiciaires, par la voix de Mélany Joly, sa ministre de l’Industrie, qui rappelle que « Stellantis avait pris d’importants engagements auprès du Canada » et qualifie l’annonce de« trahison industrielle ». En cause, la promesse d’investissement prévoit notamment que le constructeur transfèrera la production de son modèle Jeep Compass de l’Ontario vers les États-Unis.
PETITS COLIS □ Alors que la proposition de la Commission européenne de taxe sur les petits colis déposée en mai et mêlée aux négociations sur la réforme du code douanier ne pourra pas être mise en oeuvre avant au moins un an, les États membres sont de plus en plus tentés de mettre en place des taxations nationales en ordre dispersé, relève le Financial Times. La Roumanie a initié le mouvement en instaurant mi-aout une taxation de cinq euros par colis dont la valeur est inférieure à 150 €. La Pologne et les Pays-Bas y travaillent également. De son côté, le gouvernement Lecornu a proposé mardi une taxe présentée comme « temporaire » sur les « petits colis », à raison de 2 euros par article. La France devra toutefois revoir sa copie si elle veut convaincre la Commission, qui a émis de lourde réserves juridiques sur le projet de loi en discussion au Parlement (BLOCS#77).
UKRAINE □ Le Conseil de l’UE a validé mardi la proposition de la Commission européenne relative aux quotas de produits agricoles qui seront importés d’Ukraine, dans le cadre du nouvel accord de libre-échange qui unira le bloc et son allié. Cet accord permettra des quotas révisés par rapport aux conditions existantes avant l’invasion russe de 2022, avec des niveaux significativement plus élevés. Les quotas de blé ou de volaille augmenteront de 30 %, sur le maïs de 54 %, sur le miel de 583 %, et le sucre de 498 %. Le 30 juin 2025 l’UE et l’Ukraine étaient parvenus à un accord de libre-échange, devant prendre la suite de l’ALECA qui a expiré avant l’été (BLOCS#69). Dès juin 2022, l’UE avait suspendu temporairement les droits de douane et les quotas sur les produits ukrainiens, dans le cadre de mesures de soutien dérogatoires à l’ALECA appelées « Mesures commerciales autonomes ». « L'UE et l’Ukraine bénéficieront toutes deux de la suppression des droits de douane, ce qui favorisera une stabilité économique durable, des relations commerciales pérennes et une intégration accrue de l’Ukraine au sein de l’Union », a déclaré Lars Løkke Rasmussen, ministre des Affaires étrangères du Danemark. La Copa-Cogeca, principal représentant des organisations agricoles européennes avait vivement réagi au texte présenté en juin, regrettant « l’ampleur de la concession disproportionnée pour certains de ces secteurs agricoles sensibles, [...] à un moment où ces secteurs subissent déjà la pression de libéralisations commerciales cumulées ».
CBAM □ La Commission européenne a présenté hier un plan d’aide aux pays affectés par le CBAM, un nouveau Pacte pour la Méditerranée ainsi que quatre projets pour l’industrie de défense européenne.
FILTRAGE DES INVESTISSEMENTS □ La Commission européenne a relevé une augmentation de 15% des procédures de « notification d’investissements étrangers » depuis 2021 visant à vérifier leur compatibilité avec les règles de l’UE ainsi qu’une baisse des IDE sur le Vieux Continent depuis 2015, dans son cinquième rapport annuel sur le contrôle des investissements directs étrangers au sein de l’Union publié le 14 octobre.
DÉVELOPPEMENT □ L’UE a promis plus de 300 milliards d’euros d’investissements à l’Afrique d'ici à 2027, dont 618 millions pour les énergies renouvelables, au forum Global Gateway 2025 , une initiative de la Commission européenne contribuant au développement des pays partenaires émergents et en développement qui s’est tenu les 9 et 10 octobre à Bruxelles.
FRANCE □ Nicolas Forissier, député LR de l’Indre, a été nommé ministre délégué au commerce extérieur et à l'attractivité. Il s'est donné pour mission d’assurer « la vitalité de notre commerce extérieur, la capacité de la France à se développer dans le monde et évidemment aussi sa capacité à être attractive, à attirer des investissements et donc des emplois dans notre territoire », explique-t-il dans un entretien accordé à France bleu.
AGRICULTURE □ Les pomiculteurs français, menés par l’Association nationale Pomme-Poire, lancent une campagne de test pour déterminer l’origine des fruits dans les supermarchés, estimant être usurpés par des agriculteurs belges et néerlandais qui fausseraient les étiquetages de leurs produits pour profiter du tarif tricolore à 1,80 euros contre 1euro pour les poires issues des pays du Benelux, raconte le site de France Bleu.
ÉTATS-UNIS □ Donald Trump a menacé mardi 14 octobre de stopper les achats d’huile de cuisson chinoise en réponse à l’arrêt par Pékin de ses importations de soja américain depuis le mois d’avril 2025. La Chine s’approvisionne désormais à plus de 85% au Brésil et ferme le premier débouché des exportateurs américains, qui doivent à présent gérer une crise de surstocks qui pourrait profiter au marché européen, analyse Bloomberg.
ÉTATS-UNIS/CHINE □ Les États-Unis et la Chine ont commencé cette semaine à mettre en place leurs taxes portuaires réciproques (BLOCS#59), visant d’un côté les porte-conteneurs chinois, et de l’autre les porte-conteneurs américains. Ce nouveau front de la guerre commerciale sino-américaine fait craindre des répercussions significatives sur le secteur du fret maritime, explique Reuters.
Cette édition a été préparée par Mathieu Solal, Alexandre Gilles-Chomel et Sophie Hus-Solal.
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