Focus sur la relation Allemagne-Chine, mais aussi sur la santé du commerce mondial, la conversion de l'Australie à la politique industrielle, et la méga-enveloppe américaine pour attirer TSMC
BLOCS#20 □ Bonjour, nous sommes le mercredi 17 avril et voici le vingtième épisode de votre condensé d’actualité utile sur le commerce international. Suivez-nous également sur LinkedIn.
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Le chancelier allemand Olaf Scholz est revenu hier d’une visite de trois jours en Chine. Un moment diplomatique qui a illustré à merveille la difficulté de la coalition gouvernementale allemande à se positionner clairement face à Pékin dans la sphère commerciale. Pour y voir plus clair, BLOCS vous propose cette semaine un entretien avec la chercheuse allemande Gesine Weber du think tank German Marshall Fund of the United States (GMF), spécialisée dans l’étude du rôle géopolitique de l'Union européenne.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 4 novembre 2022. © Ambassade de Chine en France
BLOCS : Le chancelier allemand Olaf Scholz vient d’accomplir un long voyage en Chine accompagné de plusieurs ministres et de grands patrons industriels allemands, comme du temps d’Angela Merkel. Pensez-vous qu’il a déjà oublié les promesses de « de-risking » comprises dans la stratégie du gouvernement face à la Chine présentée il y a 9 mois ?
GESINE WEBER : En tout cas, le « de-risking », même pas mentionné par M. Scholz dans sa conférence de presse à Shanghai, n’était pas au cœur de la visite, alors que les Verts voudraient aller plus vite dans la mise en place de cette approche. Il y a donc là un désaccord au sein de la coalition gouvernementale.
Il faut noter que la Chine reste le premier partenaire économique de l’Allemagne. En 2022, le volume du commerce bilatéral s’élevait à près de 300 milliards d’euros, avec 107 milliards de valeur d’exportations allemandes contre, 192 d’exportations chinoises. La relation entre Berlin et Pékin demeure donc très importante, d’autant plus dans une période de repli économique comme celle que traverse l’Allemagne.
En résumé, il y a à la fois une conscience qu’une approche « de-risking » s’impose face aux manœuvres chinoises (BLOCS#18), notamment en ce qui concerne les technologies critiques et les matières premières, mais aussi une conscience qu’il y a peu d’alternatives à court-terme. Ces deux opinions sont souvent juxtaposées dans le débat allemand.
« La mise en œuvre du de-risking demeure essentiellement entre les mains des chefs d’entreprise, le gouvernement manquant d’une vraie stratégie en la matière »
Quels sont les premiers effets concrets de la mise en place de cette stratégie de « de-risking » ?
On discerne quelques avancées vers des alternatives dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises allemandes, notamment en Inde, au Vietnam ou en Indonésie.
La mise en œuvre demeure toutefois essentiellement entre les mains des chefs d’entreprise, le gouvernement manquant d’une vraie stratégie en la matière.
Et quand on voit que Volkswagen vient d’annoncer un investissement de 2,5 milliards d’euros en Chine, on peut se demander si se fier aux entreprises est suffisant.
Les surcapacités chinoises, qui devraient encore augmenter avec les nouvelles subventions massives dans les technologies de pointe prévues par Xi Jinping, n’ont-elles pas de quoi faire peur à l’industrie allemande ?
Si, ces surcapacités posent problème, en Allemagne et au-delà. On voit que c’est un grand sujet de débat au niveau européen, avec les enquêtes anti-subventions étrangères déloyales lancées par la Commission européenne dans les domaines des voitures électriques, du photovoltaïque et des éoliennes (BLOCS#19).
L’Allemagne soutient ces initiatives bruxelloises, mais M. Scholz ne les met pas trop en avant devant les responsables chinois. C’est quelque part plus confortable de laisser à la Commission endosser la responsabilité de ces enquêtes, pour pouvoir mener un dialogue plus positif avec Pékin.
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