Focus sur les répercussions pour les économies africaines des mesures protectionnistes promises par le candidat républicain.
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A quelques heures de l’élection la plus scrutée de la planète, BLOCS vous propose un entretien consacré aux potentielles répercussions sur l’Afrique des mesures protectionnistes promises par Donald Trump. Auteur d’une toute récente étude sur le sujet, Julien Marcilly est le chef économiste de Global Sovereign Advisory, un cabinet de conseil auprès de gouvernements et d’institutions publiques.
Chiffres à l’appui, ce docteur en économie de l'université Paris-Dauphine nous explique pourquoi les pays africains sont, eux aussi, sévèrement menacés.
Bola Ahmed Tinubu, président du Nigéria, aux côtés de la directrice générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala et de ministres nigérians, le 17 janvier 2024 © World Economic Forum
BLOCS: Seulement 6% des exportations des pays africains sont destinées aux Etats-Unis, et pourtant votre étude conclut que l’arsenal protectionniste programmé par M.Trump aurait une incidence majeure sur les économies de ce continent. Expliquez-nous.
JULIEN MARCILLY: En effet, si elles étaient mises en place, les barrières commerciales prévues par Donald Trump, comme l’augmentation des tarifs douaniers de 10 % sur toutes les importations, auraient de lourdes conséquences pour les économies africaines.
D’abord, pour certains pays, la part des exportations vers les Etats-Unis rapportée au PIB est loin d’être négligeable ; nous calculons ainsi que la seule augmentation de 10% des droits de douane pourrait substantiellement amputer les PIB de l’Afrique du Sud et de la Lybie, de 0,3 points de pourcentage, mais aussi celui du Ghana (0,4), de Madagascar (0,6) et plus encore du Lesotho (1,6), en raison de ventes réduites vers les Etats-Unis.
Sans surprise, les produits les plus touchés par cette mesure seraient les matières premières (pétrole et minerais), avec quelques exceptions - les véhicules en provenance d’Afrique du Sud et les pantalons en coton exportés depuis le Lesotho, ou la Tunisie.
Et encore, il ne s’agit là que de l’impact négatif direct du programme de Trump : le gros du préjudice pour les économies africaines proviendrait plutôt d’effets négatifs indirects…
« Effets négatifs indirects » … c’est-à-dire ?
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